Au petit jeu du collage d’étiquettes, Factory Floor a été une cible de choix pour journalistes de tous bords : Nu New Wave, Post-industrial Rave, Synth Noir, Death Disco… La musique des trois londoniens sera la bande son d’une fin du monde tragique, où les plus malins d’entre nous se seront réfugiés dans des entrepôts désaffectés, la remise pleine de caissons gavés d’amphétamines, dansant au rythme d’une techno primitive jusqu’à l’extinction du genre humain.
Eux-mêmes logés dans une ancienne usine de textile crasseuse, Nik Void, Gabe Gurnsley et Dominic Butler voient l’industrialisation comme un principe fondateur du processus créatif. La répétition des mouvements, l’idée de productivité comme moteur plutôt que l’attente stérile de l’inspiration, la machine à la place de l’homme, l’homme au service des machines. Ces concepts déjà explorés jadis par Kraftwerk, Cabaret Voltaire ou Throbbing Gristle (ci-dessous) trouvent une résonance des plus pertinentes dans le monde actuel.
Factory Floor aurait pu être un groupe de rock, ou pire, un groupe d’indie rock. Seulement voilà, ils sont issus d’une génération qui a grandi avec la techno de Detroit d’Underground Resistance. Une musique sans compromis ou la notion de danse n’est pas liée à un bonheur niais, mais à ce qu’ils définissent comme “escapism”, une évasion mentale par la musique. Une façon de se tuer sur un dance floor pour échapper à l’oppression de la ville.
Tous trois natifs de petites villes anglaises sans prestige et issus d’école d’arts comme beaucoup de terroristes sonores qui les ont précédés, Factory Floor s’est offert les services de Stepehen Morris, la boite à ryhtme humaine derrière les fûts de Joy Division et New Order. Ils portent également sur eux la bénédiction de Chris & Cosey et l’ami Mark Stewart, leader du défunt Pop Group, trémousse volontiers son popotin sur leur maxi R E A L L O V E, comme le prouve cette vidéo sans intérêt mais lourde de sens.
Lourde de sens car la scène post punk froide et intellectuelle du début des années 80 en angleterre (la période musicale la plus interessante de ce bled grâce à TG, Wire, The Fall, Joy Division…) a peut-être enfin trouvé des héritiers, qui pour une fois ne se sont pas vautrés dans un revival décérébré mais ont simplement compris le passé pour l’adapter à leur époque. Les membres de Factory Floor sont d’ailleurs les premiers étonnés à ne pas entendre plus de groupes de leur génération s’inspirer de la techno glaciale de Scan 7 (ci-contre), Dopplereffekt ou Model 500, ce qui aurait finalement plus de sens que de s’inspirer d’une vieillerie dégoulinante de guitares.
Après 6 EPs, des remixes par Optimo, Gavin Russom, Angus Andrew de Liars et un dernier maxi sorti chez DFA, on attend toujours l’album de Factory Floor pour confirmer ou non si la petite révolution industrielle est en marche.
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