Ne nous voilons pas la face, lorsqu'un artiste sort l'album de ses propres reprises, c'est que la fin est proche. Prenant souvent trop tard conscience que son inspiration (et son talent avec) s'est fait la malle depuis de nombreux printemps, deux options s'offrent à lui : matraquer son public à coup de best of de fin d'années et multiplier les concerts "d'adieu". Ce n'est qu'après avoir salement abusé de ces deux jokers que lui vient l'idée de l'album qui revisiterait ses plus grands succès (niveau 10 sur l'échelle du hold-up). Notre rôle n'étant pas ici de polémiquer (et encore moins de tirer sur l'ambulance), nous ne donnerons bien évidemment aucun noms qui illustreraient lâchement notre propos (Renaud, Lavilliers, Texas, soyez tranquilles).

Mais, car il y a un mais, une fois tous les dix ans, la reprise peut se révèler digne d'intérêt, voire même indispensable. C'est le cas ici, avec les vieillissants mais toujours séduisants Chris Carter et Cosey Fanni Tutti, encore prolifiques, super créatifs et bourrés de talent, qui s'apprêtent à sortir Carter Tutti Plays Chris & Cosey, album de "reworks" d'une sélection finaude de leurs morceaux pop synthétiques 80's.

Et entendons-nous bien, peu importe leurs motivations (que ce ne soit qu'une humble envie de retravailler leurs morceaux après les avoir rejouer en live ou la nécessité de renflouer leur maigre compte bancaire pour s'assurer une retraite décente) tant que le résultat est classe, digne, iconoclaste et singulier. Vous en doutez? Essayez cet "hybrid remix" de "Deep Velvet", ballade nerveuse de minimal wave sortie en 1989. On est sympa, on vous met les deux versions pour comparer.

Carter Tutti Plays Chris & Cosey sort le 17 février sur CTI.