The Young Gods est un groupe insaisissable. Affilié à l'indus pour son usage extensif du sampler, débarqué d'une nation surtout connue pour ses légions metal extrême (Celtic Frost, Hellhammer, Coroner), le groupe de Franz Treichler a également donné dans les simili pop songs, le bruit pur ou les odyssées ambient - comme Severed Heads, Psychic TV et la plupart de ses congénères bâtisseurs de la musique industrielle me direz-vous.
Mais derrière les déluges d'abstraction, les paroles baudelairiennes et la référence à Swans (oui, le nom du groupe est un hommage au mini-album le plus bruyant du groupe de Gira & co.), les Youngs Gods ont surtout infusé la frange metal de l'indus et la frange indus du metal: Faith No More, KMFDM, la deuxième vie Ministry, la myriade de groupes chelous de Devin Townsend... Autant de groupes à guitare en graphite et cheveux gras qui ont tous un peu caricaturé l'esthétique compliquée du groupe fribourgeois en n'en retenant que les boucles de bruits et l'esthétique machine-outils. Car à bien des égards, le blueprint originel des Young Gods première période était bien plus extrême et dissonant que 90% du metal indus qu'il a fait naître.
Ça se vérifie en long et en profond sur ce Live fondateur et "légendaire" (dixit la bio) enregistré en 1987 au Fri-Son de sa Fribourg natale et qui paraît en bonus de la réédition du premier album éponyme du groupe. La merveilleuse connerie metal oï de "Jimmy" mis à part, c'est un déluge abstrait et wagnérien qui étonne autant par ses formes (le sampler qui bruisse comme une grosse guitare) que par son intense sécheresse. Vingt-cinq ans d'inventions électroniques plus tard, on est ainsi tout ébaubi de réaliser qu'une proposition de musique si brutale et étrange ait pu lancer la carrière internationale d'un groupe et se hisser au rang très enviable d'album de l'année du Melody Maker. Autre temps, autres moeurs mais qui résonnent tout de même étrangement avec les nôtres ou les garageux gominés munis d'un synthé et d'une boîte à rythmes sont (presque) certains de trouver un public plus ou moins bienveillant pour gigoter à leurs concerts.
Ils passent justement ce samedi 16 novembre au Nouveau Casino de Paris et c'est immanquable.
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