La dope, c’est un fait, est un inépuisable sujet pour les cinéastes, qu’ils tâtent de la fiction ou de la vraie-vie-des-vrais-gens. Le documentariste allemand Daniel Gräbner en est l’illustration parfaite, et a consacré, en 2002, un film entier au haschich. Sorti dans une relative confidentialité, ce docu est désormais visible en ligne, en intégralité.
Baptisé Haschisch, histoire qu’il n’y ait vraiment aucun doute sur sa thématique, il a pour particularité de nous faire évoluer dans un cadre très resserré. Parti tout seul avec sa caméra et son sac-à-dos, Gräbner a en effet traversé la Méditerranée pour aller grimper un petit bout du Rif marocain, direction Issaguen.
Cette région est bien connue des amateurs de résines illicites, sous son ancien nom: Ketama. Autrefois prisé par les touristes pour ses pistes de ski l’hiver et ses sentiers de rando l’été, le coin est devenu, au fil du temps, un gigantesque champ de cannabis à ciel ouvert. Entre les exploitants – tous plus ou moins consommateurs, bien sûr – et les commerciaux – tous plus ou moins mafieux -, la nouvelle orientation agricole de Ketama a eu vite fait de faire fuir les derniers inconscients venus chercher de la poudreuse là où il n’y avait plus que de la fumette.
C’est la vie de ce petit bout de terre, où tout ne tourne qu’autour du shit, que Gräbner a eu envie de raconter. On le suit donc dans son périple, en vue quasi-subjective, à la rencontre de tout ce petit monde. Entre ceux qui en vivent, sans problème, filmés en plein boulot, des champs aux ateliers où se fabriquent les barrettes, et ceux qui n’en peuvent vraiment plus, jusqu’à être tentés par la grande évasion vers l’Europe, il offre un panorama plutôt bien troussé du coin.
Certes, on ne sera pas forcément tous sensibles aux grandes envolées mystiques de quelques anciens visiblement bien entamés niveau THC, mais on ne peut enlever au film sa grande qualité: celle de réussir à ne sombrer ni dans l’angélisme béat, ni dans la grande leçon de morale façon regardez-un-peu-comment-la-drogue-asservit-ces-pauvres-gens.
La réalité est, comme toujours, infiniment plus complexe.
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