Les Boiler Rooms, on a tellement ricané à leur sujet qu'on ne sait même plus si on pense surtout du mal ou quand même un peu du bien. Ces derniers temps, pourtant, on est plutôt content que le truc existe. Parce qu'en dépit des plans fixes comme des pignons de vélo de hipster, des présentateurs au look de rabatteurs de sex shops et des encouragements embarrassants des danseurs au teint blafard au second plan, les broadcasters techno un peu vite faits de la plateforme britannique font partie des rares nouveaux formats médiatiques à rassasier nos nouveaux habitus de consommation de musique en ligne.
L'étrange situation monopolistique du site, ensuite, fait que globalement tout le monde y passe un jour ou l'autre et que, mathématiquement au moins, on est à peu près certain d'y trouver son bonheur en browsant la base de données. Les sessions qui tournent le dos à la dance music notamment sont souvent beaucoup plus pertinentes qu'ils n'en ont l'air sur le papier - et à cet effet, je vous invite à consulter les pages "noise" et "experimental", qui mélangent assez joyeusement seconde zone et archives en argent massif.
L'évenement "Exploring Gnawa" organisé en mars dernier au Centre de résidences Dar al-Ma’mûn de Marrakech fait évidemment partie du haut du panier, toutes scènes, toutes écoles musicales confondues. Deux mâalem légendaires de la musique gnaoua, Mâalem Mahmoud Guinia et Mâalem Mohamed Kouyou, y cotoient, échangent plus ou moins étroitement et collaborent avec James Holden, Floating Points, Vessel et Geir Jenssen alias Biosphere, vieux héros ambient house dont on ne raterait pour rien au monde une bonne raison de parler; et pour ce qu'on peut en voir sur la belle page qui archive enfin la résidence (dont deux longues performance de Mahmoud Guinia, légende vivante qui collabora autrefois avec Pharoah Sanders), il s'y passent des choses très belles, très très belles, voire belles à pleurer. La rencontre entre Mâalem Mohamed Koyou et son ensemble et Biosphere, plus spécifiquement, nous fascine d'autant plus qu'on ne percevait pas bien comment le permafrost synthétique et les charpies de voix fantômatiques du Norvégien allaient s'accorder avec la grande musique gnaoua. Eh bien maintenant on sait: les deux s'accordent divinement. Clique, clique, mon ami.
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