On n'a jamais trop su quoi faire du barda des Master Musicians of Bukkake. Quelque part entre les coulées de lave rituelles de Sunn o))), les éboulis d'encyclopédies de Secret Chiefs 3 et les projections astrales des Sun City Girls (on retrouve des membres du collectif dans les trois), la tribu fondée par le guitariste mystique John Schuller et l'esprit libre Randall Dunn cultive joyeusement la confusion jusque dans son nom, percussion étrange (et un peu indigne) du nom du plus mythique ensemble de musique de transe d'Afrique du Nord (les Master Musicians of Jajouka du Rif maghrébin) et du particularisme star du cinéma porno japonais (plus d'infos pour les derniers prudes qui ne seraient pas au courant).

Musicalement surtout, c'est un bordel sans nom d'autant plus angoissant qu'il ne fait même pas semblant d'être cohérent: exoticismes en tous genres, drones, électronicismes ou déflagrations alternative metal, les MBBOB assument tout, tout, tout, y compris l'obscurantisme et l'idiotie sous-entendus dans les confusions qu'ils font entre les continents, les ésotérismes et les confessions (de l'islam chiite au théâtre Kabuki, tout l'Orient y passe et plus si affinités). Moins inclassables que déclassés, ils sont surtout à voir en concert et en costumes (dit la légende) où leur chaos finement ciselé prend tout son (non) sens. 

Le premier extrait de leur Far West (sortie prévue en mai) nous a pourtant pris par surprise: derrière l'intro harsh et digitale, c'est une affaire psychédélico-synthético-cinématique délicate et rondement menée, avec staccato de basse à la Zombi et thème de giallo délectable. D'après les rares infos qu'on a pu trouver sur l'Internet, l'album en entier serait plus largement carpenter-esque et plus synthétique que les trois volumes de la Totem Trilogy, ainsi que directement "inspiré" par la vente de la Louisiane en 1803 qui a notamment permis aux Etats Unis d'Amérique de devenir un vrai territoire. De quelle manière, ça on attend la suite de la fuite pour le vérifier.