Gros sirocco de nostalgie à l'horizon pour les trentenaires, les pré-trentenaires et les pré-quarantenaires jeunes dans leur tête: Vast Aire et Vordul Mega reviennent aux affaires!
Rappelons rapidement pour les trop vieux et les trop jeunes auxquels le nom de Cannibal Ox ne dirait rien (ou, pire encore, rien de bon qui vaille) qu'au temps troublé où The Cold Vein déboula dans le paysage (2001), le duo harlémois cumulait une street cred digne de celles additionnées de Tyler et A$AP Rocky à leur pinacle de branchitude (avant qu'Internet leur mette une mandale, donc).
Le rap indé était alors cette jeune fille en fleurs dont on comprenait mal les attributs affriolants et à laquelle l'indie rock paumé dans les cyprès n'avait pas encore commencé à faire du pied (toutes les horreurs crossover marketées par Anticon, Morr Music et Lex, je liste avec douleur pour tous ceux qui comme moi qui y ont perdu leur raison). Adoubé même chez les fans de Mobb Deep, loin au-dessus de la mêlée et juste à côté du grand Funcrusher Plus de Company Flow, le labyrinthiqueThe Cold Vein fut un classique instantané dont la seule vraie tare fut de rester sans lendemain. Les quatre-cinq années qui suivirent surtout furent une éreintant suite d'annonces foireuses et de fausses bonnes nouvelles pour les cortèges de fans, péniblement rassassiés par la myriade de disques moyens sortis par Vast Aire et Vordul Mega en solo ou avec Atoms Family. Tristement, les calendes grecques devinrent "jamais", Def Jux devint un item historique et le monde entier passa à autre chose.
Jusqu'à ce jour étrange de février dernier où l'on apprit par des voies détournées le lancement d'une campagne kickstarter pour financer en indépendant l'arlésienne: un deuxième album de Can Ox pour de vrai, certes plus produit par El-P (dont le boulot sur les instrus de The Cold Vein reste son chef d'oeuvre de producteur) mais intégralement rappé/ordonné/architecturé par le duo reformé. Il semblerait que la levée de fonds soit un échec cuisant (5439 dollars sur les 30,000 demandés, aïe) mais le duo ne s'est pas laissé décourager. En attendant l'hypothétique Cold Vein 2, "Gotham" célèbre les retrouvailles en mode maxi-CD avec trois inédits produits par le raisonnablement doué Bill Cosmiq qui a la bonne idée de se limiter au boulot d'artisan remplaçant. Derrière le tsunami de réfs. nerd ésotériques façon Wu Tang au carré (la mythologie gréco-romaine, Ghost in the Shell, Star Wars, l'alchimie, La fureur du dragon), Cosmiq envoie les boucles de b.o. synthétiques comme à la grande époque où El-P samplait Vangelis et on en arriverait presque à espérer sans retenue un nouveau Can Ox en phase avec son époque, qu'on aimerait autrement qu'en pensant à nos vingt ans.
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