Dans Energy Flash, sa monumentale histoire (toujours pas traduite) de la rave anglaise, Simon Reynolds tente un parallèle assez gonflé entre la plongée de l'acid house dans le breakbeat et l'obscurité aux alentours de 1990 - 91 et l'accroissement notable des bad trips dûs à la rarefaction de la bonne ecstasy. Si les raisons historiques sont bien plus complexes (radicalisation face à la banalisation massive de la rave, percussions de plein fouets avec les cultures hip-hop et rudeboy, évolutions sociétales), on aime bien la littéralité de l'idée d'un genre de musique qui s'endurcit parce que les lendemains de fête le minent.
22 ans et 380 mutations de la dance anglaise plus tard, on tente notre propre théorie: le Special Request de Paul Woolford n'est pas seulement un projet nostalgique et romantique qui rêve les yeux ouverts à cet âge d'or de la techno anglaise où les amen breaks tournaient à 140 BPM (la référence, c'est ça), c'est un reflet éminemment contemporain de nos temps hantés et flippants.
Sur ce cinquième volume qui sort sur le nouveau sous-label de Fabric, il se fait notamment remixer par Lee Gamble mais comme pour le cas de cet autre junglist de coeur, on a moins l'impression d'assister à un revival qu'à l'éruption de quelque chose de beaucoup plus stomacal, crucial, radical. Il y a quelque chose de magique dans le hardcore, et ce n'est pas parce que le genre est vieux comme Nevermind de Nirvana que le temps qui passe l'a relégué au rang de vieille baderne anachronique. La preuve.
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