Mise en échec de l'appareil intellectuel. C'est probablement le sombre complot auquel Daniel Lopatin a prêté serment en montant son étrange projet, Oneothrix Point Never, tant les contours de chacun de ses titres sont difficiles à cerner et profondément déroutants. Ou du moins, le sort qu'il réserve à ses auditeurs. Si certains évoquent le cosmos ou les drogues dures pour se figurer ce truc là, on pencherait davantage en faveur de la léthargie cérébrale ou de la recherche d'une intelligence artificielle planquée entre les limbes.
Il se trouve justement que le droneur réitère avec R Plus Seven, dont un extrait est en écoute ci-dessous. Cette fois-ci, OPN semble plonger la tête la première dans l'exploration de l'esthétique du bug, avec tout ce que cela comporte d'hallucinatoire, tissant une mosaïque digitale aberrante et fantomatique. Une certitude malgré l'opacité de l'objet. Si la démarche de Daniel Lopatin est aussi troublante, c'est parce qu'elle prive l'auditeur de ses repères traditionnels, tant au niveau visuel que sonore : absence de rythme, sons et images inidentifiables, détournement des repères physiques, agencements absurdes opérés avec la froideur clinique du scalpel etc.
Face à l'échec de nos tentatives d'intellectualisation, il ne reste plus - nous semble-t'il - qu'à se laisser pénétrer par ce fatras abyssal de dépression cybernétique. On a un peu peur du résultat. L'album sort le 30 septembre chez Warp.
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