Qu'est-ce qui nous fascine autant, nous les jeunots (je vous rappelle que je suis né en 1988), dans l'âge d'or de la rave anglaise? Sans doute la même chose qui fait rêver les royalistes. La vie au présent est toujours un peu décevante, un peu pourrie; la fête techno aussi. Et contrairement aux gens qui dansaient à l'Haçienda ou dans les entrepôts du nord de l'Angleterre en 1988 ou 1991, le raver rêveur de 2013 paye non seulement son shot de vodka 15 euros, mais il ne peut pas danser cinq minutes sans voir des milliards de légendes s'agiter en arrière-plan. Il y a les vestiges VHS pourris sur youtube. Il y a les vieux qui embellissent leurs propres soirées pourries. Il y a ce rush de futur qu'on desespère de ressentir un jour. Le jeunot de 2013, peut-on vraiment l'en blâmer, voit la rave originelle comme une utopie, et le second Summer of Love comme un moment presque aussi mythique que le premier. Voire, le jeunot de 2013 est jaloux.
Le Portuguais IVVVO fait partie de cette mouvance étrange d'artistes qui investissent moins la Rave comme un Eden musical à ressusciter que comme un territoire onirique. Dans la lignée du séminal Death of Rave de V/VM (111 évocations funèbres par un ancien combattant) ou des séances de spiritisme de Lee Gamble, Zomby ou 1991, IVVVO cite explicitement la deuxième vague de la rave anglaise par les mots (pas mal de ces titres mentionnent les mots "rave" ou "hardcore") tout en produisant une soupe sonore totalement de son temps, abîmée, funeste, ambiguë, qui semble exposer son spleen et ses faiblesses comme un étendard générationnel.
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