Tolouse Low Trax "A Rushing Into Water" (Themes for Great Cities)

"No one can kill an idea. Ideas have wings": pas la peine de chercher midi à quatorze heures pour savoir qu'on a affaire ici à un énième disque indispensable de Tolouse Low Trax, le projet solo de Detlef Weinrich de Kreidler. Toujours obnubilé par les même lignes de basse sans mélodie, les mêmes ambiances tribales feutrées, les mêmes timbres boisés, l'Alllemand continue de faire avancer d'un seul geste la minimal house et la musique expérimentale dans son acception la plus noble - celle qui continue à chercher. On ne comprend toujours pas exactement pourquoi, mais on continue de penser qu'il n'y a rien de mieux dans notre morne monde pour s'élever.

MM/KM "Tane" (The Trilogy Tapes)

Ok, ce nouveau MM/KM (alias Mix Mup et Kassem Mosse à deux derrière les petites machines) est infiniment triste et difficile à danser. En même temps, la période est tellement étrange que c'est peut être le moment de tenter le coup en peaktime dans un club bondé - suivez mon regard, les deejays.




Mr. Tophat & Art Alfie’s "SDIK Orchestra" (Karlovak)

L'expression "plus c'est long, plus c'est bon" a peu près autant d'interprétations possibles qu'un vers du Coup de dés de Mallarmé ; elle n'en a en tout cas jamais eu autant de sens que ces deux dernières semaines où le choix des musiques qu'on s'inflige en bruit de fond de nos vies n'a jamais été aussi pénible à faire et les morceaux un peu trop longs aussi pratiques à utiliser.

Contours - Seven Arched Tongues (Rhythm Section)

Il est un peu attendu de signaler que le mec derrière Contours (Tom Burford) est batteur, et que ça s’entend tout au long de son nouveau EP. Resident Advisor et les autres mags spécialisés ne s’en privent pas d’ailleurs, et on ne se gêne pas de notre côté pour ajouter qu'il est comme un poisson dans l'eau sur un label appelé Rhythm Section. Puis on se souvient qu’un des labels phares de l’âge d’or de la house s’appelait Strictly Rhythm, ou que l’un des pionniers de la techno avait Rythim is Rythim au nombre de ses alias, puis surtout du tonton James Brown, aux racines de toute cette famille musicale, qui déjà violentait tout ses musiciens en leur expliquant que le saxophone, la basse, tout était une batterie. On retourne se gratter la tête pour trouver un commentaire plus pertinent sur la chose.

John Heckle "Sun of U" (Mathematics)

Le meilleur morceau house de la semaine est aussi le plus généreux : 9 minutes de spleen michigano-illinoiso-mancuniens profonds comme l'Atlantique, de bruits d'oiseaux-robots en cadence et de funkiness formidable comme on est censés ne plus en faire dans le monde moderne depuis que les ordinateurs ont pris le pouvoir. Ça sort sur Mathematics et ça donne envie de faire l'amour à sa femme ou de boire du vin nature entre amis.

Dax J  "In the Shadows" (Monnom Black)

Funny fact : si vous faites une recherche google images inversée avec l'artwork de l'album de Dax J dont est extrait ce morceau (ce que je viens de faire pour essayer de déterminer de quel film ou article de magazine avec Brigitte Bardot la photo était tirée), vous tombez sur le portail "années 1960" de wikipédia. Quel rapport avec ce track de post jungle grisâtre démantibulé ? A peu près autant qu'entre la plupart des notules de ce Panier de crabes et les morceaux qu'ils sont censés accompagner.

Legowelt "Institute Of The Overmind (Photonz remix)" (UTTU)

Voici l'occasion de se rappeler à quel point le Hollandais Legowelt a réhabilité en premier un certain nombres de courants obscurs tels que l'acid mélodique, le hardbag, les motifs electro funk. Et de se rendre compte du point auquel le Portugais Photonz, basé à Londres (et auteur d'un Dronecast formidable il y a deux semaine de ça), s'épanche dans des courants obscurs depuis variablement réhabilités, tels que l'acid mélodique, le hardbag, les motifs electro funk. Le morceau original est mieux, mais on vous sert le remix en l'honneur de la rencontre.

Denis Sulta "It's Only Real" (Numbers)
 
Ce morceau est un peu sale et un peu too much; à côté du goût de tarte à la merde dans ta bouche le 13 décembre prochain quand tu réaliseras que la région où tu habites est dirigée par Valérie Pécresse ou Marion Maréchal - Le Pen, franchement, ça va.

Mad Rey "MSW (Dub Mix)" (D.Ko)

Dernière sortie D.Ko (on vous parlait du label parisien il y a peu) par le très intrigant Mad Rey. On y retrouve pas mal des marottes du jeune producteur d’Aubervilliers, des références au quartier ("La Chapelle Dub Mix") et autre titres délicieusement arbitraires ("Hard Ferailleurs", "Impuissance Dub Mix"), mais surtout une house qui dit plein de choses et dont on retiendra la rencontre entre cette rengaine ânonnante de ce qu’on imagine être un xylophone à six touches pour enfant branché en MIDI et un sample bien envoyé de Ol' Dirty Bastard vociférant sur "Brooklyn Zoo". Point bonus pour le macaron à l’effigie de Tatie et tTnton au bar à chicha le Hooka Club d’Aubervilliers.




DJ Sonikku "Secret Island" (Lobster Theremin)

Pour finir, une bêtise house budget des îles dont on est sait très pertinemment que le goût qu'on a pour son ambiance "Quand c'est trop c'est Tropico" a quelque chose d'un aveu d'échec. C'est toujours moins pire que les 23 dernières occurences de l'expression "The Show Must Go On" que j'ai lu ces 23 dernières minutes sur mon wall facebook, sur un drapeau, sur la boîte aux lettres à côté de la bouche de métro.