C'est Life "New Years Eve 2013" (Future Times)

Désolé de vous poser la question un 28 août mais vous, vous étiez où, le soir du Nouvel An 2013? Perso, j'étais à 789 kilomètres de Paris, au fond d'un canapé confortable avec ma future femme, pris dans un étau de fièvre et de douce dépression, l'esprit attrapé par l'épisode de Rendez-vous en terre inconnue où Frédéric Lopez trimballe Charlotte de Turckheim chez les Nénètses de Sibérie. Le petit génie de la deep house canadienne Jack J, de son côté, s'essayait pour la première fois aux vacances aux Caraïbes, à la piña colada et à la house body&soul de Joe Claussell, au casque, en brûlant au soleil au bord d'un pédiluve. Il ne s'en est visiblement jamais remis. Ne pas se fier au titre tout hivernal, donc, cette bêtise qui clôt la nouvelle compilation Futures Times est la meilleure manière de dire atchao à l'été.

//TENSE// "Disconnect Myself (The Beau Wanzer Adjustement)" (Mannequin)

La perversion goth indus de l'été 2015 date donc de 2011, puisqu'il s'agit d'une relecture inédite ailleurs que sur Youtube du duo synthwave américain //TENSE// dont les aficionados du label parisien Desire et les admirateurs du revival Wax Trax! se souviennent sûrement. Première édition vinyle, énième constatation que Beau Wanzer est l'un des meilleurs producteurs de dance noire en activité.

Bézier "Mina" (Honey Soundsystem)

Ne nous demandons pas trop longtemps d'où Robert Yang AKA Robot Hustle tire son blaze étrange (même si ça aurait de la gueule que ça lui ait été inspiré par des vacances à Béziers) et apprécions simplement la manière dont ce collectionneur de synthés fan d'italo et d'Hi-NRG habitué du catalogue Dark Entries fait bouger le schmilblrick cosmic disco. A la fois rêche comme du Clone, épique comme du disco européen vintage et efficace comme du new disco norvégien, "Mina" est un grand chelem comme il nous en arrive peu en ces temps de disette noisy minimaliste (mais où est Charlie?). On veut du rab'.




YPY "Holy Goof" (Nous Disques)

Good god, ça n'en finit plus de pondre du zarbi, du passionnant et de l'inédit du côté du Japon. Nouvelle recrue du label d'Osaka birdFriend (où l'on retrouve aussi Inoue Shirabe, signé chez nous sur Antinote), Koshiro Hino se complaît dans les basses en forme de serpent de mer, les claps à contretemps et les notes qui ne vont pas bien ensemble et c'est délicieux comme un sashimi d'oursin. Comment ils disent, déjà, les Japonais, pour les trucs qui ont un goût étrange qui n'est ni salé, ni sucré, ni amer, ni acide mais un peu tout ça à la fois? "Umami"? Bon, ben ce truc, c'est exactement ça.





The Maghreban "Wonder Woman" (Versatile)

Il y a comme un petit air de French Touch tardive dans ce nouveau mini-tube du britannique Ayman Rostom - sans doute que son passif de producteur breakbeat sous le nom de Dr. Zygote et le fait qu'il soit tombé dans la house via I:Cube plutôt que par Lil Louie Vega n'y est pas pour rien. En tout cas on accueille ce vent chaud en provenance de l'été indien 1998 avec toute la nostalgie et tout le premier degré qu'il mérite.




Aksak Maboul vs. Krikor "Saure Gurke Edit" (Soundcloud)

Cf. ce texte de ce matin parce que cette merveille mérite bien qu'on en tartine deux couches plutôt qu'une à son sujet.




Lipelis (w. Simple Symmetry) "Weirdshit Xu Pael" (L.I.E.S.)

L.I.E.S. sort de sa zone de confort (ne me demandez pas de vous dire en quoi elle consiste) avec cet edit d'une rareté (?) thaï pop (??) par le moscovite Lipelis qui a l'air de sortir tout droit du studio Compass Point. Ça va chauffer dans les bermudas partout où les gens peuvent encore se permettre d'en porter sans attraper la chair de poule au moindre coup de brise sur les mollets.

Cooly G "Trippin B" (Hyperdub)

Etrange pas de côté dark garage de la part de Lady Cooly G qui délaisse le future r'n'b sussuré la main sur la poitrine pour aller au bout de quelque cauchemar survenu au milieu de l'été. On craint un peu pour sa santé (et celle de ses enfants) mais on se frotte les mains à l'avance pour le Armzhouse EP dont le truc est extrait.

Applebim "Avebury" (Tempa)

Etonnant comment on tolère beaucoup mieux certaines complaisances en dance music quand elles viennent du fin fond de la banlieue que des faubourgs de Cologne ou Berlin. L'exemple est particulièrement probant pour cette cochonceté tech house mélodique magique à 23% qu'on aurait sans doute cloué au pilori si elle était sortie sur Kompakt.

 

Iueke "TDK91" (Soundcloud)

Bonne nouvelle pour les complétistes, Gwen Jamois n'attend plus que le schedule de sorties d'Antinote ait un slot de libre pour vider le tiroir d'inédits. Depuis cet été, il puise régulièrement dans sa fontaine de jouvence éternelle pour les poster sur SoundCloud. Celui-ci, retrouvé sur une cassette TDK de 1991, est à la fois extrêmement régressif, têtu et malin, grâce à des effets de manche insituables temporellement. Evidemement, il aurait très bien pu être produit avant-hier par un gamin un peu dégourdi.

Lawrence Le Doux "Pollution" (Vlek)

Et le prix de la délicatesse de la semaine revient au bruxellois Laurent Baudoux (de Sun OK Papi KO, Scratch Pet Land...) pour ce troisième maxi de house déviée sous le nom de Lawrence Le Doux qui donne ni plus ni moins que de ressortir sa peluche préférée du placard où elle croupit depuis 25 ans pour lui faire un gros calin (puis de l'emmener danser en after autour de la quatrième minute).

Edward "Open" (Giegling)

Et le prix de la gentillese de la semaine revient au berlinois Gilles Aiken (Desert Sky...) pour ce seizième maxi de house déviée sous le nom d'Edward qui donne ni plus ni moins que de ressortir sa deuxième peluche préférée du placard où elle croupit depuis 25 ans pour faire une petite sieste (puis de l'emmener danser en after autour de la cinquième minute).