Trust Image "Doing You Wrong" (1080p)
Salut peuple des lecteurs impitoyables, comment te portes-tu? Ici, c'est un peu la confusion, beaucoup de travail, d'allégresse et d'angoisse mélangées, une humeur ambivalente en diable qui n'est pas sans lien avec le déluge d'informations qui ne cesse de nous ruisseler dessus en cette rentrée et le fait que pour ouvrir ce 80ème #Panier, je n'ai rien trouvé de plus excitant que le nouvel album de Trust Image, jeune producteur fétichiste new-yorkais (on vous en avait déjà parlé) dont l'essentiel de la musique est une resucée éhontée de la jungle laidback, funky et hyper nerd des artistes pour la plupart oubliés des labels Good Looking et Moving Shadow entre 1993 et 1998. Ce qui fait que le gros du plaisir que procure l'extrait ci-dessous a quelque chose à voir avec une carte postale envoyée par un correspondant londonien et qui aurait mis dix-huit ans pour traverser la Manche. Après si on est désolé pour le plaisir que ça nous procure, c'est aussi notre devoir, que dis-je, notre mission! de nous faire l'écho de cette tendance importante de la musique électronique de 2015 qui consiste à se consacrer corps et âme à un sous-genre de sous-genre de la musique électronique datant de deux décennies découvert dans une room Soulseek sans se soucier une seconde de ce que le monde dans lequel on vit peut en avoir à carrer.
Special Request "Amnesia" (XL)
Malgré un programme et une banque de samples à peu près similaires à ceux utilisés par rétromaniaco-dépressif du morceau ci-dessus, ce premier extrait de la nouvelle triple salve de maxis du projet breakbeat rave du patron Paul Woolford contredit intégralement tout ce qu'on dit dans le paragraphe de commentaires ci-avant. Car en dépit de ses amens lestés d'acier trempé et de son sample historique piqué en deuxième main aux Happy Mondays, "Amnesia" le bien nommé a pour but de passer en rotation lourde dans le Topshop d'Oxford Circus plutôt que de contenter le petit coeur nostalgique qui pleure d'avoir perdu son futur quelque part entre la première Guerre du Golf et la deuxième.
Bleaker "Hype (Funk)" (Unknown to the Unknown)
De l'art éminemment britannique de faire un banger avec cinq samples ultra grillés et un feeling dance vieux de 15 ans. Le mec s'appelle Bleaker, il fait partie du collectif écossais Gang Fatale et il a sûrement plus de paires de sneakers dans son placard que de disques rares sur son étagère. Son track (auquel on dénie absolument le droit de s'appeller "morceau") aurait pu sortir sur Casa Trax en 1995 mais de fait, on est tellement proche de la recette de ratatouille de grand-mère qu'on se demande bien ce qu'on pourrait lui reprocher à part d'être "lui-même".
Spectres "Sing (Factory Floor Remix)" (Sonic Cathedral)
C'est une merveille, mais son statut de merveille ne tient pas à grand chose. Imaginez par exemple qu'une bassline ou qu'une nappe débarque au bout de seize mesures et vienne expliciter l'immense musicalité de ce truc décharné comme une plaine de Bolivie ou qu'il se mette à évoluer: ça ressemblerait à de la progressive et ça foutrait la honte à toutes les particules du corps qui s'étaient mises à s'agiter instantanément sur les premières mesures. En d'autres termes, c'est Factory Floor à leur meilleur et ça rappelle une énième fois pourquoi ils sont indispensables à notre temps de montées en puissance systématiques et d'explosions de pixels colorés.
Phase90 "Terram" (echospace)
Et l'aérolithe techno dub de la semaine dont les matières sonores ont été enregistrées dans un cimetière, on en pense quoi au bureau? On en pense que c'est 12% plus captivant que 90% des autres trucs dub techno sortis ces derniers temps et que c'est surtout très beau. Décidément, les gars de DeepChord et Echospace sont pas loin d'être nos dealers d'eau tiède préférés.
December "Berds" (Where To Now?)
Il était grand temps que quelqu'un se penche de nouveau sur l'épineuse question des chants d'oiseau dans la techno. 25 ans après l'avènement du fameux "loon sound" de 808 State dont les échos infinis s'entendent jusque chez Nicki Minaj, Tomas More convie quelques charognards psychopompes à venir pousser la chansonnette sur son plus beau boulevard de ciment et on oublie (enfin) les papiers hawaïens au profit d'une vision d'enfer, d'oeils gobés tout cru et d'organes à l'air libre digne du zeitgeist de désespoir profond qui est le nôtre.
Phillipp Gorbachev "The Weeping Tune" (PG)
Ne pas se fier au titre. En fait il aime la gaudriole, Gorbachev. Il aime se fendre la poire et se payer du bon temps, le Russe. Je parie qu'il a dû bien se marrer quand il a décidé de nommer son nouveau morceau (qui sort prochainement sur son propre label, PG) The Weeping Tune, pourtant pas exactement lacrymal dans ses basses ronflantes et ses moteurs rutilants. A moins que ce ne soit un clin d'œil à Torn Hawk, et son goût de l'effort dans la douleur, ou juste ce kick qui déboule à 6min30 et qui nous file une bonne fessée, nous laissant la larme à l'œil, tout pantelant sur le dancefloor.
BONUS ANNIVERSAIRE POUR CE 80ème PANIER PARCE QUE VOUS L'AVEZ BIEN MERITE
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