Stanislas Tolkachev "Songs About My Neighbours" (Semantica)
Ah, ils doivent être sympa, les voisins de Stan. Du genre qui crachent dans les boîtes aux lettres, qui laissent les poubelles traîner devant la porte, qui rentrent de soirée à 6h55 du matin en hurlant dans la cage d'escalier et qui s'évanouissent au pieu en laissant tourner un vieux mix de Fumiya Tanaka à fond sur le système Atoll. Mais comme ils vont rapidement le constater à leurs dépens, la vengance est plat qui se mange froid. Vas-y Stan, on habite à Paris et est pas loin d'avoir 40 ans, on est de tout coeur avec toi.
Willie Burns "Doesn't Feel Right" (Off Minor)
Comme son titre le suggère, il y a effectivement quelque chose de bien malaisant dans ce palais des glaces étourdissant jusqu'à la nausée dont l'abstraction rappelle quelques vieilles références sorties sur le label finlandais Säkhö à une époque où il était encore bien vu d'emmener la techno vers ces territoires étranges de la musique expérimentale qui jouxtent ceux où fouillent les chercheurs en psychoacoustique spécialisés dans l'élaboration d'armes supersoniques capables de vous faire rendre votre quatre heures, votre gin tonic et vos pilules de kétamine par la force invisible du son, de la malfaisance et des vibrations.
Kane West "Mexicans" (Turbo Recordings)
Un membre éminent de PC Music sur le label de Tiga, c'est, toutes proportions gardées, un peu comme si Slavoj Žižek allait débattre de son nouveau livre chez Laurent Ruquier avec Yann "Cineman" Moix et Léa "So what" Salamé. C'est pas tout à fait une trahison, mais ça fait sérieusement douter du temps qu'on a passé à théoriser autour des bêtises feuilletées et, on continue à le penser, éminemment politiques du collectif anglais. Restent quelques détails suffisamment idiots - la trompette Casio qui fait le riff, les coups de cowbell joués à côté - pour qu'on continue à croire, encore, un tout petit peu, à un acte d'entrisme intégré à un plan plus large d'avilissement du business de la dance tout entier dont le but final est rien de moins que l'accession en première place du classement Forbes des DJs les mieux payés du monde de DJ Resident, projet d'EDM parodique ourdi dans le plus grand secret par AG Cook, Will Ferrell et le troisième mec en partant de la gauche sur cette photo des Residents.
Isolée "Floripa" (Pampa)
Jusqu'où suivra-t-on Isolée? Pendant combien d'années encore? Combien de décennies? On en sait fichtre rien mais tant qu'il continuera à faire sortir des mélodies aussi frappadingues de grooves aussi alambiqués que sur cet adorable "Floripa", on continuera à se foutre qu'il caracole si haut dans les charts des has-been de la minimal Ikea.
Orphan Swords "Astaroth" (Clan Destine)
Marco Bernardi "Dancing Clows" (Berceuse Heroique)
Le nouveau morceau du producteur de Bristol Marco Bernardi est une merveille de techno sidérale et sidérante, une fusée propulsée à travers l'hyperespace dans laquelle on a envie de prendre place pour décoller vers la planète Vénus. Le remix de Specter en face b n'est pas mal non plus, même s'il n'atteint pas les fragrances éclatantes du premier.
N1L "Iguana Love Bite" (UIQ)
Le "déconstructiviste jungle" Lee Gamble dévoile enfin son nouveau label, UIQ, avec la sortie du premier opus du catalogue, le 12" d'un dénommé N1L, à paraitre le 11 septembre. Si vous avez un peu suivi l'actualité du camarade de chez PAN, il y a peu de chances que ce disque constitue la bande-son de votre éventuel été indien en sirotant des piña colada. Si on se fie à ce premier extrait, ce sera effectivement plutôt plein de jungle déconstruite et de collages concassés passés à travers du papier de verre. C'est parfait, c'est tout ce qu'on attend de la part d'un patron-terroriste comme Lee Gamble.
Rrose "Purge" (Eaux)
Nouveau maxi de Rrose, et toujours la même impression d'écouter une version dystopique de Marcel Duchamp et son orchestre, un puits sans fond de dédales interminables de techno atrabilaire et camée à la pire des drogues possible. C'est bien effectivement une purge, et on en redemande.
Porn Sword Tobacco + SVN "Untitled 1" (Kontra-Musik)
Un nouveau maxi de Porn Sword Tobacco et SVN sur Kontra-Musik, c'est encore et toujours la meilleure manière de se souvenir que la techno acousmatique expérimentale à la mords-moi-le-nœud qui fait la maligne en se passant de pied pour faire danser, ça peut être affable et accueillant comme un grand lit en bois clair couvert d'une grosse couette de coton bio bien moelleuse dans une chambre d'hôtel au fin fond de la pampa suédoise, au milieu de l'hiver, pendant que dehors la tempête gronde, les loups hurlent à la mort les flocons de neige tournoient.
FYOELK "ALUMM" (NO 'LABEL')
Et c'est encore une fois la Belgique qui tire la plus grosse paille dans le game techno analo marabout bout de ficelle pour la semaine. Originaire d'Anvers, FYOELK a déjà derrière lui une longue carrière et une grosse pile de casettes et CD-R mystérieux pleins d'improvisations à la flûte à bec et au Casio et a sans doute enregistré ce track en moins d'une demi heure, une tasse de yulmucha tiédasse à portée de main et un bâton de réglisse dans le gosier; il n'empêche, si FYOELK venait de Chicago et "Alumm" du catalogue Mathematics, on se battrait sur les sites spécialisés pour lui attribuer la naissance d'un nouveau sous-genre de la house contemporaine. Même qu'on appellerait ça la "casio bell house", ou quelque chose comme ça.
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