La nouvelle est tombée il y a quelques jours sur Mixmag : FunkinEven a téléversé tout le catalogue Apron sur Youtube. Celui qui avait plutôt l’habitude de jouer jusqu'au bout le jeu de la confidentialité (et avec nos nerfs de journalistes connectés) avec des tirages exclusivement physiques et ultra-limités fait donc volte-face à 180°.  C’est une bonne nouvelle, et l’occasion inespérée de découvrir ou redécouvrir ce label formidable autant susceptible de faire plaisirs aux copains nerdy qui écoutent leur house devant leur ordi qu'à ceux qui aiment danser les yeux fermés, en se fichant totalement de l'identité du gus derrière les platines.

A l’image du Apron show que Steven Julien tient sur NTS, où l’on peut l'entendre lâcher aussi bien du Dopplereffekt que des edits disco, Apron a développé une identité sonore bien particulière, indéniablement londonienne, qui va de l’acid techno la plus étrange au boogie electro le plus classieux généralement sans s'emmerder à chercher des passerelles entre les deux. L’avant-dernière sortie signée Mighty Baron III et Sun Runners illustre le mieux ce grand écart: un split entre un boogie retro que ne renierait pas PPU sur la face A, et un truc plus compliqué sur la face B, raw au possible, entre hip-hop vrillé et acid ralenti jusqu'au vertige…  

A l’arrivée, ça donne un catalogue sucré-salé, varié comme peu dans le paysage urban music actuel, fomenté par un casting de luxe, car Steven Julien sort toujours bien accompagné. Acoquiné avec deux espoirs de Detroit, Jay Daniel et Kyle Hall (avec qui il produit et tourne sous le nom de Funkinevil), Julien a sorti les premiers trucs de Seven Davis Jr (Ninjatune), Greg Beato (L.I.E.S.), Adam Feingold (1080p)… Du pif du côté du boss, donc, qui nous fait nous dire qu'on ferait bien de miser des billes sur le Londonien Brassfoot et l'angelino Budgie, deux des dernières signatures du label.



Autre thématique d'entrée possible dans ce gros catalogue riche de 18 références: revenir sur les débuts de FunkinEven en tant que producteur et ce qui les distingue immédiatement du tout venant bass bidule: des trucs bourrins egotrip influence Belgique, et des bombes club d’une étonnante simplicité. Depuis, Steevie a fait du chemin, dit-on dans les milieux autorisés. Ici, on aime toutes ses époques mais on le remercie surtout de ne pas avoir abandonné la musique pour devenir barbier.



En tout et pour tout, la playlist ci-dessous vous permettra donc de vous infliger 45 morceaux d’une qualité indéniable et éventuellement de briller dans votre prochaine soirée open-clavier en société au moment où la maîtresse de maison vous proposera de « mettre un truc cool sur youtube ». C'est enfin l’occasion inespérée de vous motiver à aller voir FunkinEven jouer au Rex samedi, tiens. Car pas mauvais comme producteur, FunkinEven touche sa bille également derrière les platines.