Romanthony ft. The Trojan Horse "I Feel It" (Black Male, 1995)
Parmi les nombreux drames que nous ont apportés les années 2010, on peut compter le possible début de la Quatrième guerre mondiale, la disparition d'un avion entier de la surface de la planète et le décès soudain de Romanthony. Cet homme a passé sa vie d'adulte à améliorer l'humain en lui proposant des morceaux de gospel superposés à des rythmes 4x4 rigides afin de créer la pus belle et la plus véner des garage house jamais créées. Ce mec était un génie, et comme tous les génies il portaient des lunettes de vue teintées et restait discret quant à son orientation sexuelle, semant le doute ça et là en sortant des morceaux outranciers dans leur moiteur (« The Wanderer », notamment) ou en intitulant son label « Black Male ». C'est sur celui-ci que Romanthony a sorti « I Feel It », tool impensable perdu au milieu de trois autres morceaux fantastiques, parmi lesquels « Let Me C Ya Handz ». Puis il s'en est allé. Fun fact : il est mort un 7 mai, jour de l'anniversaire de l'économiste Thomas Piketty ! (Julien Morel, rédacteur en chef @ Vice)
Romanthony - I Feel It / Black Male Records BM-011
06:21
Bufiman "Running (The Chase)" (Versatile, 2014)Un seul titre jubilatoire, suffit parfois à déterminer la programmation d'un festival .. Sorti fin 2014, le "Running (The Chase)" de Bufiman (l'un des nombreux alias de Jan Schulte), n'en finit plus de courir.. La petite bombe funky va jusqu'à dessinerune ligne de conjonction parfaite entre Dûsseldorf (Le Salon des Amateurs) et Paris (Versatile), tous deux célébrés cette année à Villette Sonique.
(Etienne Blanchot, programmateur @ Villette Sonique)
Bufiman - Running (The Chase)
04:23
Maurizio "Domina (Carl Craig's Mind Mix)" (Maurizio)Le point de rencontre entre les deux grands pôles techno pour un titre qui ne s’embarrasse d’aucun dogmatisme. Berlin et Detroit, mains dans la main vingt-trois ans derrière nous pour une démonstration de classe, de clubbing fou et d’immortalité soul. Un titre qui se permet tout et qui n’oublie rien, dont le génie simple mais total transcende encore aujourd’hui toutes les écoles de style. Une des plaques parmi les plus inamovibles, même un quart de siècle plus tard. (
Simon, rédacteur en chef adjoint @ Goûte Mes Disques)
maurizio - domina (carl craig's mind mix)
10:52
TRC & Zoe "Lately" (Northern Line Records, 2007)
Comme j'ai l'impression qu'en dehors d'une frange d'habitants des Midlands alors en bac pro, personne n'a vraiment retenu le "moment bassline" du continuum UK garage, en dehors du génial "Heartbroken" de T2, je me permets de parler de ce morceau de Zoe produit par TRC : Jon Savage dirait qu'il y a de la Northern Soul là-dedans et effectivement il y a beaucoup de drame, et en plus les mid-treble dominent et surtout la voix féminine se retrouve souvent submergée par le déploiement des forces instrumentales mises à disposition. Ça rappelle aussi ces années confuses où Todd Edwards sortait des morceaux aux bpm si rapides que ça en devenait dingue, dysfonctionnel et presque inécoutable. C'est de la dance music qui court tellement vite après la pop qu'elle en vient à la dépasser mais qui se crashe juste après. (Etienne Menu, journaliste @ GQ, France Culture, Audimat)
Philippe Cam "LFO Drive", extrait de l'album/compilation Balance (Traum Schallplatten, 2001)
Un des talents les plus discrets, et les plus méconnus de la scène techno française, aux sorties des plus rares. Une sorte d'outsider, ancien docker du Havre, ancien DJ dans le Bruxelles cosmopolite des années 1980, et aujourd'hui compositeur pour le théâtre et la danse contemporaine. "LFO Drive" est une épure de techno et de groove, sans recours à l'attirail percussif dont l'électronique est coutumière, qui renoue de manière lointaine avec l'essence du jazz. Tous ses titres ("Karine", "Somewhere Between Here And There", "Bass Star"), qu'ils soient parus chez Traum, Musique Risquée ou Karat, possèdent cette même grâce infinie. (Jean-Yves Leloup, chercheur, journaliste @ Tsugi etc.)
Philippe Cam - LFO Drive
07:18
Robert Görl "Mit Dir" (Mute, 1983)A la question, «
Quels disques emporteriez-vous sur une île déserte ? », et que personne ne m’a encore posé par peur de devoir supporter les coûts d’un supplément de bagages, il y a certainement ce 12“ de Robert Görl, « Mit Dir ». Single brut de chez brut, à la lenteur et la boucle on repeat assumées, sonorités DX7 en avant et paroles on ne peut plus minimales et lacrymales, « Mit Dir » contient en germe tout ce qui fait qu’un ado comme moi, vivant dans un trou du cul de la province française en 1983, est tombé la tête la première dans le bain de la house et de la techno quelques années plus tard. Le reste n’est qu’anecdote. Comme le fait que la pochette de
Night Full of Tension, l’album qui a suivi - et à mettre aussi dans l’excédent de malles - m’ait longtemps servi d'exutoire érotique.
(Patrick Thévenin, vétéran, journaliste @ Greenroom etc.)
Celeda "The Underground (addictive trip mix)" (Star69 records, 2000)À part, peut être, les fans de PJ Harvey, tout le monde connait ce hit. Je ne vais pas vous faire le coup du « morceau d’anthologie ». Non, pour faire simple, disons plutôt que ce morceau est à ranger dans la bibliothèque de la Pléiade techno. Comment cet anthem de progressive-house de l'année 2000 au tempo ridiculement rapide est-il devenu un tube international ? Cela ne s'explique pas. Avec le recul, on peut parler de véritable accident pop, et classer The Underground de Celeda aux cotés d'autres rares épiphénomènes arty qui se sont révélés des succès mainstream : "Good Vibration" des Beach Boys, "Blue Monday"de New Order, ou encore le "Loaded" de Primal Scream. Qui sont les héros derrière ce titre ? Les notes de pochette du maxi nous indiquent qu'ils sont au nombre de trois : À la base, il y a Peter Rauhofer, un genre de sous David Morales, plutôt habitué aux productions garage-camp depuis la fin des années 80. Ensuite, nous trouvons le performer Celeda aka Victoria Sharpe : drag-queen transgenre de la scène de Chicago, qui a prêté sa voix à Danny Tenaglia entre autres, et officie d'habitude dans cette veine house-vocal catholique. C'est ainsi que la version de "The Underground "devait voir le jour à l’origine, tel un énième morceau de house-diva ensoleillé pondu au kilomètre. C’est là qu'intervient le troisième personnage : le dénommé Saeed & Palash, un obscur duo de producteurs d'origine irakienne. C’est lui qui donne cette absurde touche trance au disque. Et ce mélange de sonorités tribales-Goa alliées à des vocaux queer de Chicago mystiques, nous fait basculer dans une dimension ésotérique, voire quasiment malsaine. Une ambiance limite house- black metal, à mi-chemin entre le groupe industriel germano-martial Wumpskut, le "Mushrooms" de Marshall Jefferson ou encore le "Throw" de Paperclip People. La voix de Celeda, traitée ici avec un delay ridicule, fait office de guide chamanique. Ni homme, ni femme, cette présence incarne un personnage céleste et doux, tout en sonnant satanique. Comme une version eunuque d’Al Jourgensen de Ministry. Une voix intérieure qui fait office de conscience spirituelle nous plongeant dans un état de sommeil magnéto-hypnotique, une véritable errance spatio-temporelle de dix minutes, si naïve et en même temps terriblement adulte. Que sont devenus ces héros de l'ombre en 2016 ? Saeed & Palash produisent des titres limite EDM et tournent principalement en Italie. Peter Rauhofer, lui, a remixé tout ce qui se compte comme divas-icônes gay: Cher, Madonna, ou Janet. Il nous a quittés en 2013 d'un cancer des poumons. Quand à Celeda, elle continue de sortir des morceaux house de temps en temps, mais donne son temps et son énergie au combat LGBT et à sa Paroisse. C'est mon amie sur Facebook.
(Gérard Love, journaliste @ Gonzaï)
Celeda - The Underground (Original Tribal Mix)
09:21
Seigneur Tabu Ley Rochereau "Hafi Deo" (Genidia, 1985)La musique africaine revient en odeur de sainteté recemment, avec foultitude de rééditions et d'édits. Il se trouve que Paris fut vraiment l'epicentre de la musique africaine dans les années 80, avec notamment Radio Nova comme fer de lance. "Légèrement", "joie", "danse" : voilà quelques mots qui peuvent s'appliquer à ce super morceau de Tabu Ley Rochereau.
(Gilbert "Gilb'R" Cohen, musicien, DJ, label-manager @ Versatile)Aly Us "Follow Me" (Strictly Rhythm, 1992)C'est surtout cette vidéo qui hypnotise. Elle rappelle cette époque quand la dance music pouvait être une sorte de Live, un showcase un peu foireux ultra local, provincial et pourtant des milliers de copies pouvait s'écouler dans les magasins. Il faut aussi noter l'absence totale de cynisme, les paroles surannées, la dernière vie des refrains et des
hooks avant que la house ne disparaisse du mainstream, avant que le rap pop actuel ne remplace ces anthems de clubs pétés surtout. Enfin, il y a un gros potentiel de sexualité pure, élément qui n'est plus trop présent dans la scène électronique contemporaine (à part chez quelques Moodyman et autres gourous).
(Jean Nipon, musicien, DJ, grande gueule @ ClekClekBoom / L.I.E.S.)
Aly Us - Follow Me (Video)
04:54
Romanthony "Hold On" (Roulé, 1999)Je sais pas trop pourquoi ce titre est un de ceux que j'écoute le plus dans mon téléphone. Sûrement parce qu'il est construit comme un morceau emo HxC avec ses breaks ses mosh parts et ses sing alongs.
(Adrien Durand, manitou des events The Drone, journaliste, promo master @ Brown Bunny)
Romanthony -Hold On VOCAL HOUSE CLASSIC
06:31
Strafe "Set If Off" (Jus Born, 1984)Turfu.
(Julien Gester, critique, musicien, journaliste @ Libération)
Strafe - Set It Off [HQ]
09:43
Deutschland VVestern - Wort (demo, 2008)Il est de notoriété publique que je suis hyper fan de Maoupa Mazzocchetti. Or avant d'être le producteur de génie qu'on connait, il a vécu une (fin?) d'adolescence new wave, tendance re-Jeunes Gens Modernes. En 2008, il faisait donc Deutschland VVestern, son premier groupe un peu sérieux. Or si je ne suis pas forcément dingue des morceaux "matures", les deux premières "démos" sont des merveilles. "Wort" est tout en gimmick, entre guitares snipers, nappes dans le phaser et une rythmique minimale déjà zarbi. Avec cette voix de meuf un peu distante référencée, c'est ultra sexy, un peu naïf, trop classe. S'ils n'avaient pas arrêté, j'aurais certainement sorti une petite série de 45 tours avec "
I Hate You" en face B. Ce que je proposerai sûrement un jour, sauf si quelqu'un a la bonne idée de le faire d'ici là.
(Charles Crost, label manager @ Le Turc Mécanique)
Wort (Demo 2008) - Deutschland VVestern
05:03
Odyssee Of Noises "Firedance (The After Hour)" (Eye Q, 1994)C'est peut-être mon morceau de trance préféré de tous les temps. Je l'ai choisi car il est éclatant d'élégance et redore un peu le blason d'un genre souvent mal compris et décrié par les courants de pensée plus orthodoxes de la musique électronique. C'est un remix à 128 BPM d'un morceau à 150 BPM qui est sorti en 1994 sur Eye Q, label tenu entre autres par Sven Väth période L'Esperanza. J'ai écrémé la discographie de ce label, hormis quelques classiques déjà assez borderline, beaucoup de choses peu appétissantes, ce morceau est donc la merveilleuse anomalie de son catalogue. Il remplit parfaitement le cahier des charges pour mériter l'appellation "classique" tout en évitant les nombreuses fautes de goût dont les morceaux du même genre et de la même époque sont habituellement truffés. Une section rhythmique dont la légère syncope n'est pas sans rappeler le squelette d'un beat de house de New York circa 1994 ou d'un morceau de ballroom du 21ème siècle, une teneur cosmique tout en subtilité et des arrangements plein d'émotion qui vont droit au coeur. Entendu pour la première fois dans un set de Photonz qui en a fait un edit de 13 minutes délicieux jusqu'a la dernière goutte, j'ai vu ce dernier le jouer dans différents contexte et j'y m'y suis également attelé, au ralenti ou en accéléré c'est toujours un morceau qui fait de l'effet au public et qui déclenche souvent des demandes de Track ID.
(Edouard Isar, DJ, collaborateur, taulier @ 33RPM +8%)
Odyssee Of Noises - Firedance (The After Hour)
08:44
New Musik "Hunting" (Epic, 1982)I am not a moody DJ who plays awkward and obscure dark music, I am just a little pop tart who, back in 1982, used to suck on ecstasy listening to this.
(Ivan Smagghe, DJ, musicien @ It's A Fine Line, camarade @ Kill the DJ, label manager @Les Disques de la Mort)
New Musik - Hunting
04:16
Cio D'Or "Tomorrow Was Yesterday" (Semantica, 2016)
Le rognon de veau pour sauter doit être d'abord dégraissé, dénervé et détaillé pas trop mince pour éviter qu'il durcisse. (Qoso, musicien @ In Paradisum, DJ)
La Peste "Le Syndrome des draps cassants" (Hangars Liquides – 2001)
La tendance au sound design démonstratif et hygiéniste me passe au-dessus. Je vous propose qu'on remballe 2016 et qu'on se retrouve de l'autre côté. (Guillaume Heuguet, chercheur, rédacteur en chef de la revue Audimat, label manager @ In Paradisum)
La Peste - Le Syndrome Des Draps Cassants
07:47
G.T.O. - « Pure (Pure Energy) » (Go Bang!, 1990) "Pure" de G.T.O. n’est pas mon morceau dance préféré de tous les temps, ni le premier maxi que j’ai acheté, en encore moins celui que j’ai le plus écouté cette semaine : c’est celui que j’ai dans la tête quasiment TOUS LES MATINS en partant de chez moi parce que la porte de mon immeuble grince et qu’en se refermant, elle fait EXACTEMENT les mêmes notes que le petit gimmick de flûte qu’on entend tout au long du titre.
(Lelo Jimmy Batista, journaliste, rédacteur en chef @ Noisey)
G.T.O. - Pure (Pure Energy) 1990
05:50
SCHWEFELGELB "Bis Zum Naechsten Tag" (Fleisch, 2016)
Un maxi qui sort dans peu de temps, bon exemple du renouveau EBM / techno que j'aime beaucoup en ce moment, ça me rappelle l'album de Sumerian Fleet. Fire, fire, guns, guns! (Tomas More / December, musicien @ In Paradisum / Where To Now ? / etc.)
MMM (Errorsmith & Fiedel) - Donna (MMM, 1997)
Voici un reliquat de 1997 dont j’ai tellement usé les sillons que plus aucune platine ne veut de lui. Avec le recul, on se rend compte à quel point Mr Oizo s’est inspiré d’Errorsmith et de ses duos annexes (Smith n Hack avec son vieux pote Soundhack ou ledit MMM avec son vieux pote Fiedel), dans sa façon de faire bégayer les riffs disco-rave et de se vautrer joyeusement dans le graillon électronique distordu. En réécoutant "Donna," je me dis surtout que c’est bien l’un des rares hits dancefloor qui garde le teint aussi frais après toutes ces années. Catch the wave or die!! (Julien Bécourt, journaliste @ Chro, etc. etc.)
MMM (Errorsmith & Fiedel) - Donna
05:55