GFOTY est un personnage mi-ange mi-démon. Au milieu de ses compagnons désinvoltes de PC Music, c'est elle qui catalyse le mieux l'ambiguité politique de la bande : cette société de consommation qui ne cesse de gagner du terrain en indécence, faut-il la croquer à pleines dents, la dénoncer ou, dans un mélange subtil des deux, l'extrapoler jusqu'à la nausée ?
Merveilleusement crédible et équivoque, complètement borderline, notre Cagole of the Year dépasse tous ses collègues en grossièreté, ignorance érigée en technique marketing et vulgarité, le tout comblé par une superficialité élevée au rang des Mean Girls ou des pires inepties de la nouvelle télé-réalité. Protagoniste satirique de la nouvelle working class dépolitisée d'outre-Manche (se référer à la "chav" de Little Britain), GFOTY reste pourtant un secret bien gardé du label, peut-être pour le caractère à double tranchant de son exubérance, qui a abouti aux délires médiatiques que l'on sait à la suite d'un tweet "malheureux" (et complètement con) tapé du bout des ongles french manucurés devant un concert de Toumani et Sidiki Diabaté. Notons d'ailleurs que tout con qu'il était, le dit-tweet a permis au passage de faire couler l'encre de Lotic, nouveau représentant un peu malgré lui des revendications queer et noires de la dance music. Mais on retient surtout pour l'instant de GFOTY un sacré potentiel d'extravagance, aperçu notamment pendant le showcase du label au festival Red Bull de New York l'année dernière.
Son parcours musical est tout autant déroutant. Depuis 2014 et son single "Don't Wanna/ Let's Do It", on a entendu GFOTY ici ou là dans des mix/playlists eurodance qui font honneur à la flûte de pan, à l'auto-tune hypertrophié, aux reprises de Blink-182 (toujours son meilleur morceau) et à un chat slam à la limite de la non-music, curieusement sarcastique et suffisamment dément pour continuer à intriguer.
Car ne vous méprenez pas. Ce que vous allez entendre dans Vipoty, son nouvel EP, n'est pas de la pop, ce n'est pas de la NOP non plus (contraction de "pop" et de la négation "n", nouvelle trouvaille d'internet sur laquelle nous ne philosopherons pas maintenant), c'est encore moins de l'art (le plasticien Ed Atkins s'en dégonflerait le ventre). C'est GFOTY ! Ou les billevesées des merguez party de vos cousins germains inassumables, les farandoles dissidentes autour de la piscine - la sono crachant les tubes les plus démodés.
Et ça dépasse nos espoirs (nos peurs ?) les plus fous. On ne s'attendait pas à toute cette marmelade gross et criarde, même en invoquant toutes les conjectures possibles de la division euclidienne sur le tableau noir d'une faculté de médecine. Mais on s'amuse et se délecte de cette soupelette joyeusement agressive et malaisante, qui s'accompagnera très bientôt d'une app selon le site fraîchement édité et qui explicite un peu plus les intentions velléitaires de GFOTY, cette tarée. Amazing.
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