Nouvelle rubrique mensuelle sur The Drone. On vous parle ici des morceaux garage, punk, lo-fi, hardcore, indie et synth punk qu'on a écoutés le mois dernier. Comme il se trouve que les chansons immédiates à guitares ne sont pas exactement des espèces en voie d'extinction, mais qu'elles ont très souvent aujourd'hui un goût un peu faisandé et ont pour la plupart décidé d'abandonner totalement toute idée de progrès ou de futur, on a décidé d'appeler cette rubrique Cornet de Bœuf. Parce que c'est bête, parce que c'est régressif, parce qu'il y a 3 syllabes - comme le Panier électronique et le Panier rap, qui reviennent très prochainement et qui passent eux aussi en mensuel.
Ex-Cult "Let You In"
Le monde du garage est vraiment un tout petit monde, à l'image d'un certain microcosme parisien que certains esprits plus ou moins malveillants ont vite fait de dézinguer à tout va et qu'on retrouve toujours aux mêmes terrasses des mêmes rades un peu pourris à débattre encore et toujours des mêmes sujets autour d'une pinte à 4 euros (ne vous sentez pas spécialement visé, je parle juste des gens que je connais). Mais si cette analogie peut paraitre hasardeuse, maladroite ou juste hors de propos, je pense qu'elle s'applique un peu à la bande qui compose la scène garage nord américaine (et qui doit tourner autour de 1000 personnes environ - estimation totalement arbitraire). Tout ça pour dire que le morceau ci-dessous est composé par des mecs qui collaborent régulièrement avec Ty Segall, ont compté en leur rang la chanteuse de Nots qu'on vous chronique juste en dessous, sont signés chez In The Red Records, le label qui fut un temps le zeitgeist de la chose garage US, et ont frayé avec le label de John Dwyer et celui des Oblivians. Qu'est-ce qu'il vous faut de plus ?
Nots "Entertain Me"
Le premier album éponyme des quatre jeunes furies de Nots, s'il se démarquait de la concurrence par son sens aigu de l'immédiateté et des codages synth et weird punk, s'essoufflait assez sur la longueur et semblait comme paralysé par sa propre course et ses propres assauts. Je ne sais pas si c'est le fait d'avoir jeté du venin no wave dans leur marmite synthétique qui a changé et transformé une formule relativement poussive en une vraie réjouissance patate, mais on ne peut qu'applaudir des deux mains et des deux pieds la mue heureuse qui s'est emparée de leur musique (cf. le morceau ci-dessous, qui prend le temps de se déployer sans urgence ni précipitation). Plus d'espace, plus de liberté, plus d'expérimentation, et donc plus de fun.
Swans "Finally Peace (Edit)"
Il n'y a pas forcément grand monde qui aurait misé sur une seconde carrière aussi florissante pour l'entité Swans. Et pourtant, depuis la résurrection de son monstre du Loch Ness à l'aube des années 2010, Michael Gira ré-invente tranquillement la musique lourde, bruyante et noire, en mettant à l'amende tous les petits jeunes qui auraient pu se réclamer de lui. Preuve à l'appui avec son dernier album en date, "The Glowing Man", dont est tiré ce Finally, Peace, édité dans une nouvelle version ici. Lettre d'adieu avant un nouveau sabordage en même temps qu'une réponse au scandale sexuel qui l'a secoué dernièrement, le morceau est une belle plage mortuaire, à la saveur légèrement christique.
Kaviar Special "Mind Fuck"
Je sais que ce n'est pas un déroulé très engageant en plus d'être un procédé journalistique un peu paresseux, mais pour vous parler de cette nouvelle chanson de Kaviar Special, je dois vous parler de son titre. "Mind Fuck" est une chanson qui n'a de mind fuck que le nom : cette musique ne nous niquera jamais le cerveau à coups de manipulation mentale, et fera même le contraire absolu, en s'appuyant sur les mêmes procédés, codes et esthétiques usés jusqu'à la moelle guitaristique depuis 60 ans. Et c'est peut-être justement parce qu'elle est totalement dénuée d'enjeux que cette musique sera toujours aussi sémillante, intemporelle et délicieusement familière.
Duchess Says "I Repeat Myself"
Les Montréalais de Duchess Says, outre leur passion pour les classeurs et tout ce qui touche de manière générale au rangement et à l'esthétique de l'administration (chacun son trip cosmique), choisissent la pente la plus synthétique de ce qui reste des fragments du punk aujourd'hui, lui assènent une sorte de robotisation devoluesque et rajoutent à tout ce salmigondi formel une sorte d'estthétique astrale, histoire de brouiller les repères de tout le monde, et de tenter de nous faire oublier qu'en fait, on se trouve face à un groupe de synth punk tout ce qu'il y a de plus classique.
Thee Oh Sees "The Poem"
Si vous avez l'impression de voir la bouille de John Dwyer plus souvent que celle de votre maman, il y a un problème (ou vous n'allez pas voir assez régulièrement votre famille). Le chat de gouttière du garage US revient (encore!) avec un nouvel album annoncé par ce premier titre étonnamment teinté de cordes et d'un chant lugubre et narratif qui rappellera forcément un peu Nico et le Velvet. Oui Thee Oh Sees va faire fondre votre petit coeur de pierre.
The Garden "California Here We Go"
Comme d'hab' avec un nouveau morceau de The Garden, on ne sait pas trop quoi en faire, quoi en dire, quoi en penser. On n'est même pas sûr que "California Here We Go" ait sa place dans la rubrique "rock". Oh, et puis tant pis, c'est signé sur Epitaph, qui a autant à voir aujourd'hui avec le punk qu'un T-Shirt de Bad Religion, la bassline claque comme il faut, on est vendredi soir, et je vais bientôt être à court d'arguments.
Noyades "Go Fast"
Drogue drogue drogue : c'est ce qui ressort de ce morceau aux pupilles aussi dilatées que celles de Rufio le méchant gentil de Hook. Pas loin d'un Mars Volta moins chiant ou d'un At The Drive In sans chant funky, le trio lyonnais propose un rock'n roll psyché bien carton qui a la bonne idée de faire de la basse le pilier mélodique du morceau.
Marc-Aurèle Baly, Adrien Durand et Michaël Patin.
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