The Groupies "The Groupies Are Insane" (Baltermore)
La semaine dernière, un méchant lecteur avait traité DJ Overdose de mauvais clone d'Aphex Twin planqué derrière son set tout prêt sur Ableton Live. Pour se venger, on lui forcera à écouter 1000 fois le premier maxi des Groupies, duo italo acid saxo vener qu'il forme avec le barjot Cliff Lothar vraisemblablement enregistré avec un magnétoscope, un saxophone en plastique et 10 litres de Malibu Sunrise en briquettes Leader Price.
Phil Kieran "Bomb" (Turbo)
Souvenez-vous, 2006, 2007, l'EDM n'existait pas, le dubstep était un truc de garçons en hoodie criblé de trous de boulettes, on écoutait encore les disques de Booka Shade ou Justus Köhncke sans rigoler, la "new rave" était (déjà) en train de mourir après 6 mois à s'afficher chaque semaine en une du NME et les beaux-gosses déguisés en wigga fluo ironique ne juraient que par MSTRKRFT, Hervé, Duke Dumont, Zombie Nation, l'electro house "décomplexée". Producteur vétéran de cette époque qui nous paraît aussi éloignée que celle des téléphones à cadran, Phil Kieran nous en rappelle quelques bons moments (toi même tu sais) avec ce "Bomb" viriliste, crétin et semblable en tous points au sourire de Dwayne "The Rock" Johnson et à cette house qui se dansait les bras en l'air pour exhiber la G-Shock fluo.
Shamos "Westdown Road" (Apron)
Il y aurait tout un article sur la qualité des kicks des gars d'Apron, sur leur ambiguité ontologique, l'étrange bouillie digitale dont ils ont l'air de sortir, le mystère de leur efficience et de leur intensité. On ne le fera pas aujourd'hui parce qu'il nous reste bien 8 notules à écrire avant 16h, mais le coeur y est.
Will Azada "Illuminati Traqckx" (CGI Records)
Comme l'excellent Bruce Robinson l'explique en détails vertigineux dans They All Love Jack, furieuse enquête sur la conspiration derrière les crimes de Jack l'éventreur et les indécences humanitaires de la Grande-Bretagne victorienne, ce n'est pas parce qu'on note l'abondance de signes ésotériques qui caractérise les meurtres rituels du plus célèbre mystère criminel de l'histoire pour révéler son identité maçonnique qu'on tombe nécessairement dans la fange de la littérature conspirationniste. Autre exemple, cet "Illuminati Traqckx" tiré d'un maxi dont le macaron expose un pentagramme inversé mais dont la deep house cracra finaude ne s'aligne en aucun cas avec les discours fantaisistes de Thierry Meyssan et de tous ces illuminés à tête de crevette pourrie qui font un malheur dans les cours de récré. Eh, non, c'est juste pour rigoler.
Jayda G "Sound of Fuca" (Freakout Cult)
A l'inverse de 95% des morceaux de house music balnéaire, "Sound of Fuca" évoque moins les Baléares ou Venice, Californie que Saint-Marc-sur-Mer, lieu-dit de Saint-Nazaire connu pour avoir servi de décor aux Vacances de Monsieur Hulot de Jacques Tati. Un petit exploit onirique, qui plaira de 7 à 77 ans.
Pet Shop Boys "The Pop Kids (MD Dub Radio Edit)" (x2)
L'original est le morceau de pop électronique le plus bath, le plus smart et le plus fresh de ces 6 derniers mois, le remix est un rêve de folle mélomane où les cut-ups todd-edwardsiens de la voix magique de Neil Tennant le disputent à la bassline la plus salace de toute la remixographie du compère MK, "inventeur du remix house moderne". Il s'achète où, le vinyle ?
Radioactive Man" Explosion (UNA Sounds)
Plus qu'une énième illustration évidente du lien direct entre la rave des origines et le dancehall, un aller-retour Heathrow / Kingston sans escale, incluant dans le prix du billet distribution gratuite d'ecstasy en provenance des meilleurs batches de 1987, open bar de Red Stripe et cours de booty dance par le personnel navigant.
Apollonia "Mouche Tse Tse (Melchior Productions Dub)" (Apollonia)
Encore une fois, le funk planqué dans les motifs et les fréquences les plus improbables, le clap qui agit là où on ne l'attend pas, la chaleur qui naît du frottement lascif d'un glaçon et du derrière grassouillet d'un gros codeur collectionneur de figurines Galactica qui n'a jamais vu la louve - comment s'en sortirait-on dans la vie sans Thomas Melchior ?
Paul Woolford "No Requests (Special Request Fantasy FM Mix)" (Running Back)
Pour cause d'aller-retour très furtif à Londres lundi, le rédacteur frustré ne peut s'empêcher de s'enfiler exclusivement les plus vils avatars de bass music britannique depuis 4 jours. Autant dire que ce gros morceau de Paul Woolford qui remixe Paul Woolford est tombé à pic sur Soundcloud pour étancher sa soif d'East End et de relents de fish and chips dans le métro.
Ondo Fudd "Veto Plank" (The Trilogy Tapes)
Pour une raison qui n'appartient qu'à lui, le pionnier ambient Jon Hassell n'a jamais posé ses parties de trompette alien sur aucun disque de musique électronique dansable. On sait donc gré à Call Super de s'adonner depuis quelques temps (en gros, son album Suzi Ecto) à l'agrégation plaquettaire de la minimal la plus liquide et la musique du quatrième monde magique du compositeur new-yorkais. C'est particulièrement criant sur ce nouveau maxi sous pseudo Ondo Fudd dont les rythmes lymphatiques évoquent moins le dancefloor couvert de sueur et de gin tonic d'un club techno que les clapotis infinis de quelque cours d'eau sauvage au fond de la Malaysie qui aurait miraculeusement échappé aux exactions écologiques d'une multinationale méphistophélique.
Donato Dozzy "Quadra Nove" (The Bunker New York)
Les grands disques ambient de Donato Dozzy ne doivent pas nous faire oublier que le Romain n'est pas devenu important dans nos vies avec des albums d'impro à la guimbarde mais avec des disques de techno béton lourds comme la Grande Arche de la Défense. Meilleure manière de nous rafraîchir la mémoire, ce Squadra Quadra EP fait chauffer l'acier et vrombir les moteurs pour un "bon délire" de drone techno hypnotique as fuck à danser en regardant fixement un néon ou au casque, à volume excessif, en zigzagguant sur son Piaggio dans les rues désertes du Testaccio.
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