Un jour, il n'y a pas si longtemps, quelqu'un m'a dit que, nous, les sales petits occidentaux embourgeoisés de la nouvelle génération, n'appréciions la musique d'Afrique, globalement, que d'un point de vue tiers-mondiste. Au delà du fait que personne n'apprécie se faire traiter de raciste condescendant, je n'ai pas bien saisi en quoi le fait d'apprécier environ toutes les rééditions d'Awesome Tapes From Africa pouvait faire de mes camarades de génération et moi-même des néo-colonialistes en puissance et non pas simplement des mélomanes au goût sûr et affirmé. Bien qu'il s'agisse de la posture la plus détestée par tous les amateurs de musique monomaniaques, il est pourtant possible de se situer entre l'ethno-musicologue dur qui pense qu'on ne peut comprendre la musique qu'en étant incollable sur la culture, la géographie... du lieu qui l'a enfantée et le je-m'en-foutiste irritant, et ce sans pour autant faire preuve de cette neutralité agaçante des gens qui n'ont pas d'avis. C'est donc l'esprit apaisé que je vous invite à écouter ci-après "Eti Gual Blenai", le premier extrait de Tche Belew d'Haili Mergia and The Walias.
Initialement sorti en 1977, juste après la révolution éthiopienne de 1974, bien connue aujourd'hui notamment grâce aux travaux d'excavation de passionnés et aux fameuses compilations Ethiopiques de Francis Falceto, Tche Belew a été, pour faire court, l'un des premiers enregistrement sortis après la révolution. Les artistes, Haila Mergia and The Walias ont également été le premier ensemble éthiopien à voyager aux Etats-Unis et à spread la musique éthiopienne, notamment en travaillant de concert avec Mahmoud Ahmed qui a prôné, avec d'autres, un retour en Ethiopie alors même que le pays était encore une dictature (si vous voulez en savoir un peu plus, vous pouvez regarder le Radio Vinyle de Randy Weston, tourné par nos soins pour France Inter).
Sans faire donc dans le tiers-mondisme et le néo-colonialisme à deux balles, le jazz, presque funk de "Eti Gual Blenai" est exactement flamboyant, il fait étinceler les cuivres, carillonner les synthés, il est éminemment heureux et bienveillant, et doux. Pour une raison obscure il m'a fait penser à mon papy qui danse, c'est à dire que ce morceau est à même de générer des versions embellies de vos souvenirs les plus heureux et c'est difficile de produire beaucoup mieux, plus beau, plus doux et plus éloigné des deux vilains courants sus-cités.
Pour la petite histoire, l'album Tche Belew se vendait jusqu'à lors 4000 balles sur Discogs. Autant vous dire qu'on est apparemment pas les seuls à faire dans le tiers-mondisme primaire.
Tche Belew sortira le 14 octobre sur Awesame Tapes From Africa, vous pouvez vous en procurer une copie à un prix raisonnable juste ici, et écouter "Eti Gual Blenai" juste après.
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