Vous ne nous avez pas attendu pour écouter du jazz éthiopien. Vous avez même sans doute l'intégrale des compils Ethiopiques à portée de platine et un portrait de Mulatu Astatke au-dessus de votre lit. Laissez-nous toutefois présumer que vous n'avez pas, comme nous – riders de l'autoroute de l'information, limiers de l'indiesphere – le nez collé aux dépêches d'agence et le feed Facebook encombré de posts de labels obscurs, et que vous avez peut-être raté la grande nouvelle qu'est la réédition vinyle de Tche Belew, chef d'oeuvre d'ethio-jazz instrumental qui se vendait encore la semaine dernière à plus de 4000$. Pire, vous avez peut-être raté notre article précédent sur cette réédition d'il y a un mois. Il n'est pas trop tard.
45ème référence du label Kaïfa pressée en 1977 et jamais rééditée (ni d'ailleurs distribuée hors d'Éthiopie), Tche Belew est donc la pièce-maitresse du claviériste et accordéoniste Hailu Mergia, alors star des clubs d'Addis-Abeba.
En rééditant l'an dernier une cassette solo enregistrée en 1985 (Hailu Mergia and His Classical Instrument), Awesome Tapes From Africa – label au profit duquel on détournerait bien quelques fonds publics – avait déjà permis à Mergia d'arrêter de conduire des sénateurs dans son taxi à Washington et de tourner aux Etats-Unis et en Europe avec son accordéon.
À cause du superbe Tche Belew, au tracklist duquel on retrouve le standard « Musicawi Silt », maintes fois repris et célébré comme l'un des grands morceaux des golden seventies éthiopiennes et sur lequel Astatke taquine du vibraphone, on a dû demander une dérogation spéciale pour utiliser le mot « groove » et publier un deuxième papier sur le sujet. C'est dire si on l'aime. C'est dire si on vous encourage à aller l'acheter.
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