Karenn "Summer" (Sheworks)

Les vacances idéales selon Blawan et Pariah = un sniff de colle au fond d'une cave, au fond d'une zone industrielle en déréliction, au fond de la région la plus démunie d'un ancien état soviétique en ruines, sans nourriture, sans même un matelas tâché pour poser ses fesses, un clou rouillé enfoncé dans une cuisse qui distille doucement mais sûrement le tétanos, le choléra et la gangrène, histoire d'en finir au plus vite de cette existence misérable qui nous accable depuis qu'on nous y a jeté sans rien nous demander. 

In Sync "Jam Tape 1991 CUT 3" (Third Ear)

Son blaze n'est peut-être plus aussi légendaire que d'autres mais Lee Purkiss fut l'un des premiers à s'intéresser à la chose techno en Angleterre. Fondateur du premier disquaire Fat Cat et du label 10th Planet, on lui doit au moins un morceau légendaire de l'histoire de la techno, le gigantesque "Storm" paru sur Irdial en 1992. Vraisemblablement enregistrés à peu près en même temps, les jams inédits qui paraissent aujourd'hui sur Third Ear y ressemblent forcément beaucoup: mélodie modulo, minimalisme de coeur, rythmes polochon... Plus qu'un maxi d'antiquités dépoussiérées, c'est donc, sorti prêt à l'emploi d'un sheperd's pie fumant, rien de moins que les débuts méconnus de la techno britannique qu'on y entend. 




Adam X "Binary Possession" (Sonic Groove)

Adam X fait exactement la musique que Trent Reznor ferait s'il n'avait jamais connu le succès, s'il avait passé un peu plus de temps à écouter de la house de Chicago et un peu moins à écouter Judas Priest, s'il était né avec Frankie Bones comme grand frère à New York plutôt que petite frappe gothique au fin fond de la Pennsylvanie. Bon, ok, Trent Reznor ne pourrait pas faire la même musique qu'Adam X. Mais on ne serait pas si surpris de tomber sur n'importe lesquels des morceaux d'Irreformable, l'album de ce dernier qui vient de sortir sur Sonic Groove, au détour d'une des b.o. que Reznor a signé avec Atticus Ross pour David Fincher ces dernières années.

John Beltran "Faux" (Text)

On bitchera tout ce qu'on veut sur Four Tet, tout ce qu'il a sorti jusqu'ici sur son Text de label a une allure folle. Prenez ce "Faux" du vrai vétéran de Detroit John Beltran, dont les premiers efforts discographiques remontent à 1993 et qui fut parmi les derniers à tirer une note de musique de Derrick May: qui d'autre que Kieran Hebdan pour sortir un hybride electronica aussi fragile dont le rythme a l'air d'avoir été inspiré par des vacances en Andalousie? Hein, qui? 

Savage Grounds "Attempt Two" (Lux Rec)

Signé CCO et Daniele Cosmo, soit les deux boss de Lux Rec eux-mêmes, ce bordel de bruits psychotropes propres à pousser un animal de compagnie à l'autodévoration spontanée n'a nécessité rien d'autre que la mise en réseau de trois machines, une boîte à rythmes, un synthé et un tape delay. Prenez-en de la graîne, les nouveaux riches.

Moodcut "Stuck in Socks" (Nous)

La Grèce va mal mais son underground bouillonne. Dernière signature en date de l'excellent Nous, le Mancunien Moodcut fait de la deep techno tout à fait dans l'air du temps (c'est-à-dire qu'elle pourrait sortir sur The Trilogy Tapes ou Workshop sans que personne ne trouve à y redire) qu'on est d'autant plus enthousiastes de soutenir en finançant une structure qui a les pieds dans la mouise à Athènes.

Function "F3" (Infrastructure New York)

Oui ma bonne dame, oui mon bon monsieur, on cause encore d'une réédition. Mais pas n'importe laquelle: Synewawe Reissues 1995-97 rassemble les tout premiers morceaux de David Sumner sous le nom de Function parus entre 1995 et 1997, donc, sur le Synewave du méchant Damon Wild. Inspiré par "son expérience de DJ au Limelight au début des années 90", Sumner donnait à l'époque dans une deep techno très élégante et très influencée par Detroit, étonnamment pas si éloignée que ça de celle que pratiquait par exemple Morgan Geist à la même époque. Quand on songe au parcours parcouru par Sumner depuis, on a le coeur qui se met à battre très vite.

PMH "Aqua (Regis Remix)" (Finitude)

Enième preuve, signée du vieux beau Karl O'Connor, qu'on peut faire confiance aux hommes d'âge mur quand on veut refaire sa déco comme il faut.  

Helena Hauff "Accidie" (Lux Rec)

Toujours la même recette pour la grande Helena, toujours les mêmes courges gâtées, la même huile de ricin dégueulasse, la même poelle défoncée posée à même les flammes d'une vieille bouteille Butagaz rouillée; oui mais voilà, c'est toujours aussi délicieux, aussi étonnant, aussi inimitable. A table, les chouchous!

Metronomy "Love Letters (It's A Fine Line Remix)" (Because)

En bons dandies qu'ils sont (It's a fine line indeed), Ivan Smagghe et Tim Paris préfèrent retourner l'original sautillant (et pas mal horripilant) des starlettes de Metronomy dans tous les sens (harmonique, onirique, fonctionnel) plutôt que de lui administrer la sempiternelle injection de stéroïdes et de fréquences graves. Good job: on est pas sûr de danser un jour dessus, mais on peut enfin l'écouter pour le plaisir.