Manuel Gonzales "Frosted Lakes" (Wicked Bass)

Ça fait des années qu'on fantasme, avec quelques amis, sur l'émergence d'un nouveau sous-genre de la house dérivé de la minimal façon Perlon qui s'appellerait la "fart house". Si ce morceau du nouveau maxi du gamin derrière MGUN ne correspond pas exactement à ce qu'on pourrait être en droit d'attendre d'un avatar d'un sous-genre aussi glorieusement nommé, les sonorités passablement graveleuses de sa bassline donnent immédiatement envie d'en imaginer un nouveau sous-genre cousin, qui s'appellerait par exemple la "porridge house" et dont "Frosted Lakes" serait, en dépit de son titre vraisemblablement inspiré par le Lac Michigan, le morceau fondateur.

Livio & Roby "Debug" (The Rabbit Hole)

L'idée d'un split EP entre producteurs Roumains et Japonais peut paraître de prime abord tirée par les cheveux, mais étant donné que le seul point commun évident entre les deux pays est leur goût prononcé pour la Micro House, finalement ça se tient. 

Birdsmakingmachine "Icaros" (Birdsmakingmachine)

Birdsmakingmachine est un collectif de 4 producteurs allemands et barcelonais qui donne dans la petite House picoti picota qui connait son Perlon sur le bout des doigts. Une machine à fabriquer des oiseaux donc, mais des oiseaux sans plumes car ils aiment la jouer minimal.

Skander "Dirge 3" (L.A. Club Resource)

On était mystérieusement passés à côté du premier maxi du newcomer Skander,  pourtant la première référence du label de Delroy Edwards à ressembler à quelque chose (ok, on exagère, le Gene Hunt était super). Evidemment, on reste dans la zone de confort de l'école post L.I.E.S. américaine - de la 909 saturée dans la soundblaster indonésienne d'un PC défectueux et pas une waveform de plus pour parasiter - mais au moins le beat ne tombe pas en morceaux au bout de deux mesures pour faire plaisir aux jolies critiques d'art en Church's qui traînent dans la galerie d'en face.

Lakker - Pier (Stroboscopic Artefacts)

Le label de Lucy fête ses 5 ans et sort pour l'occas' une compilation de morceaux des artistes qui ont permis au label de ressembler à ce à quoi il ressemble aujourd'hui: un éditeur de musique techno de très belle facture, très chiadée et parfois un poil anxiogène. Bel hommage à la belle ouverture d'esprit de la maison, "Pier" de Lakker qui n'a de techno que le kick, et accueille à bras ouverts des bruits très étranges de radio cassée et de voix qui ressemblent à celle de petits fantômes qui auraient une conversation via de très vieux talkie-walkies. 

AnD "Photon Visibility Function" (Electric Deluxe)

La semaine prochaine, le label de Speedy J sort donc Cosmic Microwave Background, le premier album très sérieux et très barbare du duo britannique AnD (présentement en stream intégral sur RA) et on est heureux d'écrire que c'est le disque de techno dure qu'on n'attendait plus. Exemple parmi tant d'autres, "Photon Visibility Function" donne simultanément envie de pogoter comme un dératé sur une péniche en serrant les dents et de lire un ouvrage d'astrophysique bien sévère, avec plein de diagrammes et d'exemples concrets incompréhensibles dedans. Mais ne sont-ce pas précisément les deux choses qu'on demande à tout bon track de techno indus contemporaine qui se respecte? 

 

Steve Summers "Anhedonia" (Russian Torrent Versions) 

Steve Summers a beau avoir le blaze le plus concon de la galaxie L.I.E.S. (Steve "Sex" Summers était le leader du groupe hair metal Pretty Boy Floyd), il gère sa techno comme un moine bouddhiste. Grosse demo de finesse et de sang-froid, le monstre "Anhedonia" tire son titre à la pathologie psychiatrique qui rend incapable de ressentir du plaisir face aux situations considérées comme plaisantes en procure pourtant beaucoup, du plaisir. Un morceau très "The Drone", en somme.

Julio Bashmore "Rhythm of Auld (feat. J'Danna)" (Broadwalk)

Transformation terminée pour le rouquin le plus successful de la mare post-dubstep: "Rhythm of Auld" contient un riff, une bassline et une pluie de toms disco que même Demon ou Kojak n'auraient pas osé réunir dans un même morceau en 1999. Selon les points de vue, c'est "une leçon d'hédonisme" ou une grosse débandade.

Birth of Frequency - A1 - Windy City (Construct of Reform)

C'est un morceau produit par Simon Coup, qui sort sur l'équivalent français de Stroboscopic Artefacts, Construct Re-Form et qui est nommé d'après le petit nom de Chicago. On n'est donc pas surpris du résultat: un bpm suffisamment élevé pour provoquer des crises d'épilepsie et une boucle acid infinie pas loin d'engendrer des épisodes d'hyperventilation. 

Arandel "Section 11" (InFiné)

Pour finir, on fricote joyeusement avec le hors-sujet pour ce premier extrait du prochain Arandel qui n'a rigoureusement rien à voir ni avec la house, ni avec la techno, mais sur lequel des dizaines de milliers de fans de house et de techno danseront comme des idiots dans tous les gros festivals au printemps en se demandant ce qu'il leur arrive. On prend les paris?