De tous les revivals à nous avoir envahis ces dernières années, le krautrock est un des plus persistants (on évoquait d'ailleurs une certaine "autobahn du soleil" pas plus tard que la semaine dernière), et ce pour plusieurs raisons. Déjà, il faut rappeler qu'à l'époque des classiques de Neu! ou de Faust, le genre ne jouissait pas de cette aura de statue de commandeur qui le caractérise aujourd'hui. Ce qui permet à ses (nombreux) revivalistes d'éviter de se coltiner un certain poids de l'Histoire ou une somme d'influences écrasantes, tout en conservant une certaine fraicheur dans les intentions. De Los Angeles à Créteil, de l'ambient techno à l'indie-rock, l'empreinte krautrock semble dessiner une internationale motorik sans s'embarasser de déférences face à des modèles plus ou moins avoués. D'ailleurs je parierais que pas mal des disciples catalogués du genre ne se réveillent pas forcément la nuit en sueur en criant "Dieter Moebius!".
Parlez donc de Cluster à Teknomom, et il y a fort à parier que les deux garnements vous répondront par un haussement d'épaules peu concerné. Plus adeptes de films de S.F obscurs que de komische musik, les ex-Punks Are Fags, s'ils proviennent indéniablement d'un terreau kraut, semblent avant tout aspirer à des voyages interstellaires et tout ce que cela implique de digressions cosmico-comiques (les lecteurs d'Italo Calvino apprécieront le jeu de mot pourri). Sorte d'odyssée de l'espèce invertébrée, La Marche des Arthropodes, premier format long pour le duo, est une piste élastique qui se déploie sur près d'une demi-heure et ne se soucie pas de gommer ses erreurs ni d'envoyer la sauce ou les montées en puissance. C'est livré tel quel, à prendre ou à laisser, récupéré via un Zoom H4 et téléporté dans la galaxie internet (après s'être arrêté chez Anywave pour un petit polissage mignonnet, faut pas déconner). Ça sort sur le Turc Mécanique dans les tous prochains jours, et ça confirme d'ailleurs la propension du label à ne pas faire dans la fioriture.
Teknomom jouera ce jeudi à L'Olympic Café dans le 18e, à l'occasion de la première édition des Jeux Olympiks, en compagnie de Déficit Budgétaire et de Sydney Vallette. On viendra surtout pour Déficit Budgétaire et Teknomom, donc.
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