Jardin (crédit photo : Olivia Cristiani)
Si vous pensiez que le Turc Mécanique ne se limitait qu'aux guitares anguleuses, à la froideur du post-punk et à la délicatesse du chant de caverne, ça montre que vous aviez tout faux, et que vous n'aviez compris à l'esthétique du label parisien. Il n'y a qu'à jeter un œil sur les dernières sorties concoctées par l'ami Charles Crost : Jardin, Bajram Bili, Télédétente 666, ou les nouveaux venus Hystérie. Bien malin celui qui pourra y déceler un quelconque dénominateur commun, si ce n'est la volonté affichée de foutre un peu la merde.
C'est probablement aussi cet état d'esprit qui a dû animer Jardin, Harshlove, Bajram Bili et bien sûr Charles lui-même lorsque ces derniers se sont embarqués dans le rave tour, mini-tournée lancée à toute allure à travers la France (en passant par la Belgique), et qui a donc réuni les représentants les plus club du label. La cavalcade s'est ensuite terminée sur Rinse FM, où chacun y est allé de son petit set (Jardin, lui, a préféré opter pour un live). Tout ça est désormais en écoute exclu ci-dessous, pour le plaisir des petits et des grands, du décloisonnement des genres et du défonçage des chapelles. Avec en prime une présentation de chacun des participants par le boss du label lui-même.
Zwarte Piet a fait DJ sur toutes les dates. L'occasion pour lui d'assumer une identité plus large que celle de "simple" bassiste d'Empereur : il mène un label techno merveilleux,
Perfekt Funktion ltd., et en a défendu les couleurs tout au long de la tournée. Il a un savoir-faire assez étrange quand il est derrière le booth, une façon de taper hyper dure tout en restant à des tempos assez bas, de mêler des énormes frappes avec des bizarreries exotiques ou du post-punk 80's sans jamais perdre en cohérence.
Jardin a profité de la tournée pour expérimenter pas mal de formats : le live 100% machines, un live plus axé sur le rôle de MC et un format hybride qui mêle les deux. Dans tous les cas, c'est dingue la manière dont il a réussi à prendre les clubs et à les retourner, littéralement. Et en même temps, en full machine, il a montré qu'il savait aller chercher des trucs hypers futuristes, côté juke indus noise notamment. C'était passionnant de le voir évoluer au fil des fêtes.
Raph Sabbath de
Harshlove est un tank : tu le poses aux manettes et il ravage tout. C'est peut-être le seul qui n'avait rien à (se) prouver sur cette tournée, sur laquelle il a oscillé à l'envie entre son live ultra violent et des DJ sets qui superposent 4 morceaux en même temps. Il a carrément fait le boulot, c'est vraiment la valeur sûre dans cet équipage.
I y avait aussi
Bajram Bili, qui venait pour redécouvrir un format DJ qu'il avait oublié depuis plusieurs années. La sauce a tout de suite pris, je pense qu'on le reverra en action assez vite dans ce rôle-là : il s'éclate à transposer le psychédélisme dance dans lequel plonge son live en poussant des disques. Et dès qu'il sort ses synthés, c'est le blitzkrieg, il a envoyé le Lieu Unique sur orbite. Il devait nous laisser pour la session Rinse, mais c'est partie remise.