Décrire la musique et les images du duo français Gangpol und Mit revient à se perdre dans une encyclopédie. Aussi éclectique que les projets multiples des deux acolytes (pub, design, une radio pour enfants, de la musique de films, du mobilier sonore...), elle pétrit dans une même composition des genres comme la bossa-nova, la musique indienne, la musique de film ou encore l'exotica pour en faire des assemblages à l'image de leurs créateurs : espiègles, balistiques, volontiers satiriques.
Pour leur nouvel opus Kuala Lumpen French Institute, Gangpol & Mit ont mis leurs images et compositions furibondes au service d'un cauchemar bureaucratique, quelque part entre un film de Jacques Tati, le jeu vidéo The Stanley Parable et l'ascenseur d'une tour de Seattle en 1965. Difficile d'y mettre plus de références, les pistes étant toutes passées par un malaxeur de générique de dessin animé pour mioches bouffeurs de céréales multicolores.
Mais rien n'est laissé au hasard dans ces allusions pluridisciplinaires qui doivent en laisser plus d'un se demander "pourquoi citer un jeux vidéo en référence à un album de musique ?". Gangpol & Mit ont chacun leur rôle bien défini et une pratique de l'art qui fait un chassé-croisé entre les disciplines : l'un est illustrateur, l'autre musicien. Cette combinaison bi-artistique dicte la conduite de leurs projets depuis les débuts (2003) et leur a forgé une ADN assez singulière dans la bataille sans merci de l'audiovisuel pour petits et grands.
Si ce nouvel album aurait pu être composé pour un jeu vidéo premiers âges ou un cartoon miniaturiste, il éveillera les sens de tous ceux qui n'ont pas vendu leurs âmes d'enfants aux liturgies ténébreuses de la techno contemporaine. Alors jouez à l'adulte, mettez votre costume trois-pièces, empoignez vos dossiers dans "Stocks et archives" et filez aux "Ressources humaines" pour votre prochain entretien de recrutement, on vous attend au "Service après-vente". Vous ne manquerez pas cette occasion de jouer au grand, non ? Et si l'aventure a des airs de cauchemar, ce n'est pas la faute de Gangpol und Mit, mais du grand Capital bien sûr.
Ci-dessous, écoutez l'album en intégralité sans manquer de jeter un coup d'oeil à la pochette, accumulation minecraftienne (et escherienne) étonnamment dépeuplée des têtes en cartons auxquelles nous avaient habitués nos deux anxieux lurons.
En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de nos cookies afin de vous offrir une meilleure utilisation de ce site Internet.