C'est la guerre des casseroles qui s'annonce. A ma droite, le steak épais de The Knife, dont une bonne partie de mon network est en train de s'infliger les tourbillons et les sables mouvants en ce moment même; à ma gauche, le grand retour de Wolf Eyes au grand complet, avec réapparitions inopinées d'Aaron Dilloway (parti vers d'autres territoires noise en 2005), de son remplaçant agresseur Mike Connelly de Hair Police et de James Baljo de Human Eye à la guitare électrique.
Vous êtes fan de Wolf Eyes et vous vous indignez du rapport? C'est que vous n'avez pas écouté Shaking the Habitual jusqu'au bout. Dos à dos chez les disquaires, les deux disques auraient pourtant plein, plein de choses à se dire s'ils se rencontraient inopinément dans un Salon, ou, euh, un concert de noise dans une cave. Ils pourraient parler de l'Homme de Néandertal, des Temps qui finissent, de Bo Diddley.
Bien sûr, le bruit en liberté est plus nouveau pour The Knife que pour Wolf Eyes. Wolf Eyes, eux, évoluent en permanence (la formule officielle délivrée par leur bio est: "a collective mutant ensemble") mais ne changent pas d'un iota. Pour ce qui concerne No Answer: Lower Floors, le processus créatif est comme d'hab' shady as fuck (un quadruple quarante-cinq tours en coffret sur American Tapes réédité en format praticable par l'éminent De Stijl) et le résultat est comme d'hab' frontal et fastoche comme un 45 tours de oï. Les riffs sont des serpents électroniques qui ondulent sous la mer plutôt que des powerchords, les rythmes ressemblent à ceux qui devaient accompagner les Sioux sur le sentier de la guerre et les lignes de voix évoquent des incantations d'anges démoniaques plutôt que des beugleries à la Fugazi; il n'empêche, l'assemblage évoque moins une connerie arty qu'une fontaine de bière à apprécier entre amis de bonne compagnie. Comme l'album de The Knife en fait.
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