Timing parfait pour ce nouveau Hair Police débarqué sans crier gare, qui nous rappelle qu'avant d'être dark, ambient et rythmée, la musique noise était dark, bruyante et parfois même un peu terrifiante.
Petite institution de l'underground harsh noise US, ce trio de barbus du Kentucky pratique depuis 2001 le boucan comme une religion ancestrale. Le regard vers le chaos primordial de la grande musique improvisée (AMM, MEV, tout ça), les formes insensées des aînés de Wolf Eyes (au sein duquel Mike Connelly officie depuis 2005) et le bordel maléfique des mythiques Abruptum (duo de gamins en charge du cas Dionysos au sein de l'Inner Circle du black norvégien des origines), ils utilisent presque les mêmes instruments qu'un groupe de rock mais explorent des endroits de la musique qui en sont tellement éloignés que personne ne saurait dire si ce qu'ils manipulent en sont même des déchets.
Pour citer de mémoire Jojo Hiroshige de Hijokaidan, c'est l'extase du rock à guitares sans les guitares, donc un peu plus pur et un peu plus proche des Dieux. Tour à tour mécanique, initiatique, tortionnaire, jamais embarrassée de pathos comme celle de leur cousin Dominick Fernow, la musique de Hair Police va dénicher le bonheur cathartique dans des endroits peu ragoûtants du cortex, mais c'est précisément pour ça qu'on aime se l'infliger de temps en temps. Dieux merci donc, leur Mercurial Rites qui sort ces jours sur Type les voient garder le cap. A une époque où les moutons quittent tous le navire pour des rivages moins salis et moins désolés, c'est suffisamment rare pour être célébré.
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