Rappelez-vous 2004, 2005, Brooklyn en haut de l'affiche, les piles de Casio dégueulasses à la place des guitares, Animal Collective qui fait rêver jusqu'aux plus intransigeants des harsh noiseux des capitales autour du monde. Et puis Black Dice, groupe dada, groupe noise fringué en fluo tellement hypé par deux, trois leaders d'opinion du rock (suivez mon regard), qui intrigue jusqu'au public des Strokes et des Yeah Yeah Yeahs. Huit ans plus tard, on est un peu perdu et on pleure souvent, dans ces pages y compris, l'éclectisme forcené qui mine toutes les scènes, de l'indie rock qui se pare de disco funk jusqu'à la techno qui vrombit de bruit. Mais à chaque fois que Black Dice ressort un disque, on frémit devant tant d'intelligence du chaos, de prescience surdouée de l'idiotie, de singularité plastique. Il y a du Paul McCarthy chez ces gens-là.
Parmi leurs rejetons indignes, on trouve la petite frappe trop bien sappée Airick Woodhead, qui partage ses disques entre tentations poppy (sous le bordel, l'indie pop) et expéditions punitives dans le maelstrom. Sur "She is the Wave", sa petite voix un peu agaçante (moitié new-yorkaise à plumes, moitié copieuse de Björk) se fait passablement corriger et on repasse tout de suite du bon côté du champ de bataille. Sans cesse enquiquiné par des filtres qui s'ouvrent et des bouts de portes qui grincent, "She is the Wave" ne ressemble plus à rien à la fin. C'est ça qu'est formidable.
(Maintenant que j'y pense, le dernier Animal Collective sur lequel on s'est comme tant d'autres un peu fait la main, n'est finalement pas si loin. Mais on attendait autre chose d'Animal Collective. C'est compliqué. C'est une autre histoire).
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