Au début t'as trouvé ça louche, dégueu sur les bords. Cette pochette sado-sataniste, ces allusions pédo-porno, ces leads flippants, ce nom étrange. Mais t'y es revenu. C'était malsain mais inévitable. Ça puait la Mosel Bier mais t'as reniflé quand même. Ça sonnait comme un duo glauque entre Alan Vega et Donna Summer, et t'as commencé à aimer ça. T'as fermé les yeux et t'as vu un clip tourné par Gaspard Noé starring Francis Heaulme. T'avais mis un pied chez Scorpion Violente, et c'était trop tard pour revenir. Ce soir, tu peux assouvir tes instincts violents en allant les écouter au Point FMR.
Pour faire court, on va dire disco minimale nourrie à Whitehouse et au houblon de Moselle. Un son radical, pas fait pour faire plaisir, des mélodies syncopées et brutales. Il y a d'abord eu un EP chez Bruit Direct, avec le génial "Rome Violente", tube parfait pour dance-floors de mauvaise réputation, puis "Uberschleiss" (Avant), 45 minutes d'électro hypnotique et saturée. Des rythmes comme des coups de masse sur un corps déjà mort ("13 ans presque 17") et un gémissement nihiliste dans un océan de reverb ("Christopher Walken").
Ce n'est pas un hasard si les titres sentent bon les longues soirées d'hiver dans la banlieue de Metz – "Viol et Revanche", "Fugue de pute mineure", "The Cherrypopper"... Car comme Plastobeton, Feeling of Love, les Dreams ou Trans Upper Egypt, Scorpion Violente gravite autour de la Grande Alliance Internationale de l'Est, cette grande et belle famille de la musique dégénérée, partie de Metz et Strasbourg, qui est à l'origine de la scène garage-électro-punk la plus intéressante des 50 dernières années. On leur a posé quelques questions, ils nous ont donné quelques réponses.
- Si ma maman regardait les pochettes de vos disques et les titres de vos chansons, elle dirait sûrement que c'est "malsain". J'ai aussi un pote qui prétend que "Scorpion Violente c'est la musique qu'on entend quand on arrive en enfer". Ça vous inspire quoi ?
Toma : Perso, parler de ta maman ça m'émoustille toujours un peu... D'autant plus que "malsain" c'est un code de MILF pour dire "bandant" (oui, ta mère bande).
Scott : Ton pote doit sûrement parler de "l'Enfer", cette boîte gay SM à Florange qui ne demande pas les cartes d'identité à l'entrée.
- À vos concerts, ça danse beaucoup et ça sent la sueur, ce qui est plutôt rare, surtout à Paris. Vous revendiquez le terme de "dark-clubbing" ou en tout cas le fait de faire danser ?
"Dark Clubbing", c'est mignon comme terme... Depuis que Throbbing Gristle est mort, que DAF est devenu hétéro, que Suicide fait des reprises de Cargo de Nuit, on s'est incrustés en traîtres dans l'evil dance floor, histoire de squatter la place vacante...
- Et y'a toujours ce moment que le public attend pour entrer en transe, quand vous jouez "Rome Violente". Vous savez que c'est votre tube cette chanson ?
Scott : oui, c'est un bon Dark Slow.
Toma : non.
- Vos instruments c'est un orgue combo Antonelli et un bon vieux Korg Poly61 : c'est un choix d'utiliser de l'analogique ou c'est juste parce que c'est du matériel pas cher ?
On a piqué le matos à Indochine après leur avoir pété la gueule et leur avoir ordonné d'utiliser des vrais instruments, sinon on les détruisait.
- Y'a un truc dans votre son qui écrase les terminaisons nerveuses et ramène à un état primal. Ça me fait penser à William Bennett, de Whitehouse, disant vouloir "créer une musique qui puisse plonger le public dans la soumission".
Avec Whitehouse, on a moins en commun au niveau sonore qu'au niveau de notre rapport à la nubilité et aux mottes tendres. Nous on veut juste plonger les gens dans une flaque de foutre et de cyprine. C'est la musique de l'Amour.
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