Marcos Cabral "Down the Drain" (Crème Organization)
Alerte aux radins et aux malins: Crème vient de sortir un deuxième volume de sa série de compilations anniversaires, il s'appelle Crack Babies Stole My Creme Shirt, il se télécharge gratuitement sur Bandcamp et on y trouve par exemple cette embardée speedée saturée du New-yorkais Marcos Cabral qui complète idéalement l'album très étrange qu'il vient de sortir sur L.I.E.S. et requinquera peut-être toutes les braves gens passées par une salle obscure ces dernières 24 heures pour voir Mad Max: Fury Road chez qui la b.o. terminée à la pisse de synthèse du vétéran big-beat-de-merde Junkie X.L. aurait provoqué une incommodante poussée d'eczéma sur quelque partie du corps difficilement atteignable ailleurs que dans l'intimité de la chambre ou des cabinets. On pense à vous.
Shoebox "The World of Aquarius" (Shoebox)
C'est sorti il y a presque un mois mais pour une fois on refuse de céder à la pression de l'actu brûlante: ce truc est tellement bon, riche et généreux (les anglophones ont un mot qui résume tout ça: "lush") qu'il méritait bien qu'on parle de lui en retard. On ne sait rien sur les personnes derrière Shoebox mais on regrette déjà de ne pas avoir acheté toutes les références du label à ce jour, sans doute toutes déjà vendues à quelques didji et mélomanes mieux renseignés que nous.
Fumiya Tanaka "UFO Training (With My Son)" (Minibar)
Le vétéran Fumiya Tanaka sur le Minibar de Cabanne, c'est du tout bon comme Catherine Deneuve qui joue dans un Depleschin: une sorte d'échange de bons procédés, de vampirisme à deux sens qui honore, grandit et enrichit tout le monde, qui fait surtout avancer l'art dans le bon sens. Point de retro ou de futur ici, donc, juste le meilleur de la minimal sans peur et sans reproche, et un grand moment de musique électronique qu'on ne serait pas embêtés d'entendre durer 10, 20 ou 2000 minutes de plus.
Jahiliyya Fields - Clear Collar (L.I.E.S.)
On garde un souvenir très ému et très vif d'Unicursal Hexagram, le premier disque de Matt Morandi sur L.I.E.S.: dans tout le bordel noise / synth underground de ces dernières années, il nous reste même comme l'une des rares propositions de drone synthétique qui nous aient fait un effet vraiment boeuf parce que vraiment différent de celui que nous faisaient (nous font toujours) les items historiques des années 60, 70 ou 80. On est donc aux anges de découvrir que son deuxième album fait (pour aller vite) la même chose avec la techno qui doute et qui bruisse: sans rien lâcher de ses obsessions new-age ni de son amour des matières sonores en perdition, l'Américain incruste ici ou là des riddims martiaux et pas si funky (on pense à Robert Hood, forcément) dans des appareils machiniques sur la longévité desquelles on ne parierait pas des millions (ça sent un peu la maladie) mais qui nous excitent pour le moment présent largement au-delà du seuil médian provoqué par les sorties techno plus "traditionnelles". Reparlons-en dans un mois ou deux autour d'un verre de Faugères si on est amis dans la vie, ok?
Geena "Box of Exotica" (Antinote)
Vous vous souvenez d'"Overpass", ce morceau d'Aurora Halal qui mettait en boucle le sonal de la SNCF sur un tapis de nappes ambient techno? Eh bien ce morceau de Geena fait la même chose avec le jingle de la ligne Yamanote de Tokyo qui annonce l'arrivée en gare du prochain train et qui suggère poliment à l'usager de ne pas trop s'approcher des voies. Sur un petit tapis de toms de de 808 et un thème joué sur ce qui s'apparente méchamment à une flûte de pan MIDI (c'est le péché mignon du Parisien), le bien nommé "Box of Exotica" est donc ce qu'il convient d'appeler un "appel au voyage". C'est suffisamment rare en ce moment pour être signalé, salué, apprécié.
Yan Cook "Ignore" (Planet Rhythm)
Ça perpétue sec en Ukraine. Super classique dans sa facture hypnotique et dans son amour de la désolation, cette nouvelle référence du label vétéran de Glenn Wilson s'écoute ainsi avec une sorte de tendresse, mi-amusée, mi-hallucinée qu'il puisse encore exister, à l'ère de Kanye West et de 100% Silk (cf. ci-dessus) des gens de moins de 45 ans capables de prolonger l'héritage d'une musique si précisément has been (au sens premier du terme) et si formellement rattachée à une époque si définitivement révolue de la musique électronique. Vive la pluralité, vive les niches, vivement, pour l'Ukraine, ce moment où cette musique sera le nec plus ultra de la hype chez les commentateurs zélés du forum de Resident Advisor.
Japa Habilidoso "Agronimia Setorial" (Future Times)
Très belle découverte du label de Maxmillion Dunbar, Japa Habilidoso est un jeune jongleur de pão de queijo brésilien qui produit habituellement sous les noms de DJ Guerrinha ou Finalzinho Chegando et qui dirige son propre label CD-R, qui s'appelle 40% Foda/Maneirissimo. Voilà, on n'a rien d'autre à vous en dire parce que le morceau bizarre ci-dessous nous enlève tous les mots de la bouche, mais si tout est de ce niveau d'inquiétante grooveté, on tient peut-être là la bande la plus passionnante depuis l'émergence des dingos de Cómeme.
Ekman "No Man Is An Island" (Berceuse Heroïque)
Ce morceau est gratuit, je répète, ce morceau est gratuit. Comme 98% du rap qui sort et beaucoup trop de trucs aujourd'hui. C'est la crise, c'est le sens de l'histoire, c'est la vie.
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