Gilb'r & Jorge "Du Lundi (Willie Burns Remix)" (Syncrophone)
La raison pour laquelle ce Panier de crabes paraît un lundi plutôt qu'un vendredi après-midi ne tient pas au fait que nous nous trouvions absents pour assurer un DJ set dantesque à l'Atabal de Biarritz dans le cadre de notre Tour de France 2015, non, pas du tout. On a seulement voulu rendre un hommage digne de ce nom au titre de ce premier maxi de l'ami Gilb'R avec l'excellentissime Jorge Velez: "Titre du Lundi". Parce que quand deux types aussi brillants prennent l'initative de sortir un disque avec un titre aussi con et des morceaux aussi beaux dessus, on bloque la circulation, on met les drapeaux en berne, on passe des coups de fil à tous les chefs d'état qu'on estime pour qu'ils passent au bureau faire la bamboule.
Nitejams « Untitled » (Nitejams)
Un pattern de TR-909 bien rincé, des nappes de Juno-106 qui n’ont jamais passé le cap du deuxième accord et un clip en qualité VHS trempée dans le café : voici la recette de la house analo-crado à 500 vues sur Youtube. Mais c’est comme le beurre de cacahuète ou la confiture de lait : ça ne réussira jamais vraiment à vous écoeurer.
Healing Force Project "Strange Apparitions In My Recording Room" (Berceuse Heroïque)
Récemment, j'ai eu une discussion un peu houleuse avec deux amis qui me reprochaient à demi mot d'être un poil laxiste et curieusement tolérant avec la politique de com' totalement WTF et complaisante de Berceuse Heroïque sur la page Facebook du label, où l'on trouve nombre d'images d'exécutions sommaires au Luger, de défilés de fantassins du Hamas et de pendaisons piquées à divers moments sordides de notre histoire qui n'ont effectivement que peu à voir à la choucroute techno. Je ne me risquerai pas à étaler ici les diverses justifications un peu foireuses et embarrassées que j'ai livré à mes deux amis en retour, mais on a fini par tomber d'accord sur le fait que Kemal, big boss caractériel du label et DJ passionnant dont on vous conseille une énième fois d'aller écouter ou réécouter le Dronecast d'anthologie, a bien le droit de faire ce qu'il veut avec sa barbe et sa page Facebook du moment qu'il agit avec ses tripes et pas en lorgnant absurdément du côté de l'attitude des grands labels noise à travers l'histoire - de l'Industrial Records de Throbbing Gristle à Broken Flag jusqu'au Premier Sang d'Hendrik Hegray - et que, surtout, la très grande majorité de ce qu'il sort sur son label est absolument passionnant et fait, semaine après semaine, l'une des lignes de conduite les plus irréprochables du paysage dance du moment. Ainsi mes deux homies ne me contrediront sans doute pas si j'avance que ce retour sur le label de Healing Force Project est super bien senti dans tous les sens du terme, musical (le petit riff façon "moi le dimanche matin j'écoute Kontakte de Stockhausen en fumant un spliff"), plastique (matez moi cette pochette!), éthique enfin: qui d'autre, dans le paysage actuel, pour sortir des trucs aussi dématés du cerveau et coller un autocollant "house music" dessus? Allez, "add to cart".
Nummer « To the D » Nummer Records
J’ai mis ce morceau concocté par deux jeunes Français expatriés à Londres sur un des ordinateurs de l’immense open space. J’ai timidement monté le son, à la moitié, parce qu’il y avait une de ces ambiance de travail… Fallait être là pour le croire. Et vous savez ce qu’on m’a dit ? « Eh, c’est toi qu’écoute Deepchord ? » En d’autres termes, pas de révolution en vue mais une jolie pièce à ranger pas loin de tes Basic Channel et de tes vieux Parallel 9, ce qui relève de l’exploit au vu des kilomètres de dub techno sans saveur qu’on se bouffe en flux tendu.
Delroy Edwards "Kicking Butts" (L.A Club Resource)
Tu vois ce mec qui joue les lascars quand il n’est pas dans la résidence secondaire de ses parents dans les Baléares ? Ce mec qui fait des wheelings sur son scooter (assuré, le scooter) et du rap hardcore alors qu’il sait pas quoi faire de son argent de poche ? Ce mec, c’est Delroy Edwards, poseur de chez poseur qu’on adore détester. Seulement voilà, comme en témoigne ce track et les quelques fulgurances de sa courte mais prolifique carrière, Delroy Edwards a ce petit quelque chose de grâce et de sensibilité qui fait qu’on a envie de croire à son numéro. Bien joué Brandon !
DJ Haus « Acid Bleep » (Clone Jack For Daze)
Si Mario avait bouffé tous ces champignons au lieu de leur sauter dessus, voici la musique qui se serait soudainement échappée des petits haut-parleurs de ta Gameboy. Ce n’est certainement pas ce à quoi le boss de Unknown to the Unknown a pensé en concoctant ce petit gimmick aussi excitant que con-con, mais il n’y avait qu’un de ces décomplexés de Londoniens pour nous évoquer cette métaphore.
Virginia « Never Enough » Ostgut Ton
Au nom de l’internationale des disc-jockeys, merci Virginia, a.k.a la chouchoute de Steffi a.k.a la seule personne qui peut balancer Eiffel 65 au Panorama Bar, pour ce morceau de fin de set parfait. Un peu mélancolique, un peu conquérant, un peu techno, un peu italo, pas trop loin dans les bas ni dans les aigus pour pas achever les oreilles qui ont saigné toute la nuit… Ca donne envie de se dire adieu en chialant de joie ou de rentrer ensemble.
Trickfinger "After Below" (Absurd)
Vous êtes désormais tous au courant: derrière ce morceau d'acid techno "poétique" et un peu pété se cache John Frusciante, ancien guitariste pour le moins troublé des Red Hot Chili Peppers, junkie flamboyant à ses heures et auteur en solo de quelques albums de folk expérimental totalement cultes dont peu de personnes sensées de la sphère indie oseraient remettre en cause l'importance et la beauté. Alors doit-on, comme quelques collègues hurler à la fin de tout en musique, aux valeurs des grandes chapelles de la musique indépendante retournées sur la tête pour de bon et au grand n'importe quoi marketing de la part d'Absurd Recordings, vénérable maison techno basée à Los Angeles à laquelle on doit notamment la belle Acid Test Series? En toute honnêteté, non. Car il suffit d'écouter "After Below" une fois en entier pour se rendre compte que le truc est humble, musicalement legit, que le mec a quelque chose à dire avec ses machines et qu'il a même de très jolies idées à soumettre à la communauté. Pas si loin d'un Plastikman époque Artifakts, c'est de la vintage acid techno à gimmick et à grosse mélodie, un sous-genre pas si courant en ce moment et qu'on est à peu près toujours content de se fader entre deux galettes de techno marteau piqueur et de post-purée de pois post-internet post-musique post-tout ce qui te passe par la tête le matin quand tu zones sur Reddit en buvant ton café.
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