Levon Vincent 'Anti-Corporate Music" (Levon Vincent Music)

On n'a sans doute pas fini de se foutre de la gueule de Levon Vincent pour ses vidéos promos lunaires, ses photos de presse et ses leçons douteuses de business ethics. Pour la musique par contre, les haterz repasseront: si tout son debut LP est de la qualité de la merveille ci-dessous, on a même un futur classique dans les tuyaux.

KiNK - Fantasia (Pets Recordings)

L'original, brillant et supra salace, touche du bout de l'index cette minuscule étendue de chair dont la plupart des tacherons de la tech house ne soupçonnent pas l'existence et qui lie l'acid house lubrique, la ghetto tech la moins ambigue et la techno qui en a encore dans le slip. Le remix du garçon Truncate ci-dessous est plus droit et plus viril mais ne manque pas d'atours salaces - on adore notamment la manière dont le Californien rappelle à l'ordre les petits bouts de voix un peu putassiers de l'original pour les transformer en robots percussifs un peu flippants, mais certainement pas dénués de sex-appeal. Un convaincant exercice de prospective porno-technologique, en quelque sorte.




Demdike Stare "Patchwork" (Testpressing/Modern Love)

C'est toujours un plaisir de pouvoir glisser un Demdike Stare dans un Panier de crabes. Pas parce qu'on attend que nos deux ghostbusters préférés nous fassent danser à 3h du mat' entre un vieux Dre et un TLC évidemment, mais parce que leurs morceaux dansants ont toujours quelque chose d'un peu spécial, d'un peu plus spontané et d'un peu plus personnel que leur séances de spiritisme. Toujours obsédés par l'âge d'or du breakbeat sampler Akai + Atari ST, ils s'amusent ici avec la serpe et les samples comme les Dieux-enfants du breakbeat hardcore s'amusaient avec les amen et les voix accélérées en 1990 et c'est frais et gourmand comme une fournée de scones qui sort du four.




Raresh "Vivalty (Aloe Varu Remix)" ([a:rpia:r])

Avis aux collectionneuses et aux collectionneurs, ce maxi de remixes du gros classique de Raresh contient, en plus de la formidable zone de bleeps, de "woush" et de "tchouing" signé du Roumain Dan Andrei ci-dessous, deux remixes maousses et costauds de Petre Inspirescu et Ricardo Villalobos. En d'autres termes, la minimal house en 2015 se porte pas mal du tout, et on trouvera peu de galettes en plastique vinyle où ça s'entend plus glorieusement que cette référence [a:rpia:r] 13ème du nom.




Jorge Velez "4AM" (Crème Organization)

C'est la nouvelle la plus chaleureuse de la semaine: le légendaire et éminemment attachant Crème Organization fête ses quinze ans avec une compil digitale totalement gratos (pardon, "en participation libre") pleine d'inédits de DJ Haus, Legowelt, IVVVO, Neville Watson et Simoncino qui comprend en sus le morceau le plus hot et le plus dansant de Jorge "Professor Genius" Velez depuis bien longtemps. Ce qui nous fait donc: le petit de crème, la crémière, la vache et même le petit tabouret en bois qu’on utilise pour traire le lait.

DeepChord "Electromagnetic Dowsing: The Lost D Side" (EMD)

D'après ce que j'ai compris, on a affaire ici un Graal de la dub techno: la dernière partie d'un double-package réalisé par Rod Modell et Mike Schommer au sommet de leur art rare et monomaniaque pour le très recherché SYNTH Records de Mike Huckaby. Et parce que l'engraissement des sites d'enchères ne faisait pas partie du plan initial de nos modestes sculpteurs de delay, ils se rééditent aujourd'hui pour le plus grand bonheur des collectionneurs. On a rien à ajouter à part qu'on l'achèterait bien en double, un exemplaire pour écouter la semaine prochaine, un autre pour nos vieux jours, quand on se nourrira tous de vagins de canard et que la moitié de l'Europe ressemblera à une terre brûlée. 

PMM "Serpent's Promise" (Berceuse Héroïque)

Il y a au moins trois idées formidables dans ce nouveau maxi de Tuff Sherm pour Berceuse Héroïque: la micro coupure de silence dans la boucle de crasse qui tourne sous le kick, le hi-hat franc du collier qui surnage la purée de pois comme dans un vieux truc de house filtrée et ce moment providentiel ou les deux éléments sus-cités s'interrompent pour faire place à une cortège de percussions digne d'une Batucada de l'enfer. Pour citer ce biopic pas terrible sur Jerry Lee Lewis avec Dennis Quaid:  "si je vais en enfer, j'y vais en écoutant de la techno".

 

Golden Teacher "What Time Is It" (Huntleys & Palmers)

Golden Teacher, party band à cheval entre Paris et Glasgow, a déjà fait ses preuves chez Optimo Music. Entre "être assis ou danser", ces joyeux drilles fraîchement sortis d'école d'art ont fait leur choix. Leur disco-punk tribale qui fait danser sous la même boule à facette les fans d'ESG et de Bauhaus (le groupe, pas l'école de design) est ici légérement ralentie et acidulée. C'est bien de faire les cons sur des congas mais il faut aussi savoir reprendre ses pas de danse épileptique façon Madchester. 

Florian Kupfer "Discotag" (WT Records)

Deux options possibles, soit Florian Kupfer a samplé un bout du Set it Off de Big Daddy Kane, soit il a carrément tapé dans la version eurodance dégueulasse de Mc Fixx It, Rock The Discotex, qui repose elle même sur un sample de Set it Off de Big Daddy Kane. Dans les deux cas, le résultat à l'arrivée est une petite bombinette qui se pose là dans la discographie d'un vrai gars serieux qui ne nous a jamais déçu jusqu'à présent.