Dans le petit article d'Ad Hoc qui m'a fait découvrir ce groupe et cette chanson, il y a une phrase tellement juste que je ne peux résister à la tentation de vous la copier-coller: "No matter the era or place, Thigh Master have touched us in places we needed to feel pleasure again" (trad expresse: "Peu importe l'époque ou l'endroit, Thigh Master arrive à nous toucher à des endroits par lesquels nous désespérions de ressentir du plaisir").
Ce groupe de gamins originaire de Brisbane, cité australienne située à 1000 bornes au nord de Sidney et nouvelle capitale d'un rock indé pour de vrai, fier de ses racines et remarquablement vivace (dans la mesure où l'indie rock australien n'a pas encore débarqué en masse sur Discogs, je ne saurais que trop vous conseiller d'écouter cet épisode de l'émission de radio parisienne Ether et Crac co-animée par Guy Mercier du label Bruit Direct si le sujet vous branche) donne donc dans la jangle pop rêveuse mais rêche, évaporée mais fébrile, sans se soucier de la plupart des problématiques qui tourmentent la plupart de ses contemporains (et tous les gens qui écrivent dans les colonnes de The Drone): retro, futur, retrofuturisme, etc., etc.
Non, le plus beau dans la chanson qu'on vous propose d'écouter (et de télécharger gratos) aujourd'hui via le Soundcloud ci-dessous, c'est qu'elle tape avec esprit, purisme et juste ce qu'il faut de distance (lisez par exemple la liste des mots clés qu'on trouve sur cette page) dans un indie désossé et abreuvé de trucs du passé (si vous n'avez pas pensé à "Teenage Riot" en entendant le riff d'ouverture, c'est inquiétant pour vous) qui se fiche de presque tout sauf de l'énergie et de la justesse des moyens mis en branle pour nous la communiquer. En d'autres termes, arrêtez donc de vous demander ce que ces vingtenaires ont dans la tête quand ils recréent à l'identique l'indie de 1986 puisque eux, ils ne le font pas. L'important tient plutôt dans le bonheur troublant qu'on éprouve à les écouter, évidemment très lié à celui qu'on ne manquera pas d'éprouver en allant acheter la grosse réédition augmentée de la compilation C86 qui sort cette semaine via Cherry Red. Car oui, on a très fort envie de retrouver le bonheur intense et compliqué qu'on a éprouvé il y a deux décennies en entendant pour la première fois les Pastels, Guided by Voices ou Pavement sur une mini-chaîne Yoko, et quelque chose me dit que ce n'est pas dû qu'à de la nostalgie. Plus de groupes et plus de bonheur à trouver ici ou ici.
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