Finalement, le plus grand mystère qui concerne Burial, ce n'est pas son identité (avérée au grand jour de la manière tristoune que l'on sait en 2008) mais la raison pour laquelle il est devenu majeur. Loin de nous l'idée de remettre en cause l'importance des potions du plus fameux garçon à capuche du South London (au contraire) mais on s'interroge: pourquoi ces précipités de spleen quintessentiellement anglais, de beats hardcore tombés de vieux mixes repiqués sur K7 et de poussière (d'étoile) nous touchent autant? C'est d'autant plus mystérieux pour ce qui concerne le peuple de France que 90% des produits de la house anglaise sont jugés culturellement impropres à sa consommation.

Une seule chose est sûre pour ce qui concerne Rival Dealer, son nouveau maxi qui sort cette semaine sur Hyperdub: aucun de ses 3 morceaux n'éclaircira la question. Pire, William Bevan, dont chacune des sorties depuis Untrue le voit tenter un bond de géant vers l'inconnu, y tartine quelques grosses couches supplémentaires d'insondable esthétique qui nous happent en même temps qu'elles saccagent dogmes et convictions. Oubliez donc toutes vos notions de goût et de pertinence musicale: sous le souffle et les remugles de fog, Burial déroule des fragrances et des révérbérations qui plongent la tête dans une vase d'émotions à la fois très pures et très douteuses qui agitent (sans tout à fait les capturer) des souvenirs scintillants de ballades des Bangles et de quelques déballages émotionnels des grandes b.o. synthétiques du début des années 80 (Vangelis bien sûr, le Moroder de l'Histoire sans fin ou la sublime b.o. du Starman de Carpenter composée par Jack Nitzsche).

Et le pire, c'est qu'on en ressort tout chancelant. Il est un peu tôt pour déclarer si Rival Dealer restera comme un shift sublime ou un écart camp et un peu foireux de son auteur, mais c'est incontestablement un disque très fort, dans tous les sens du terme.