On vous a parlé quelques fois de Pye Corner Audio, projet du "technicien en chef" anonyme d'une petite PME de transfert de données analogiques sévissant à ses heures libres à l'arrière-plan de la fourmillante et très idiosyncratique scene "hantologique". Or, on l'avoue, on avait pris cette histoire de petite boîte de repiquage de vieilles bandes installée "depuis 1970" au fin fond du Pays de Galles pour une fiction intégrale, mitonnée au gravy et à la marmelade pour les amateurs de sons qui soufflent, de retrofuturisme et d'histoires de fantômes anglais. Mais affligé par la satanée rengaine du succès (album sur le très emblématique Ghost Box, réédition sur vinyle épais des deux premières cassettes épuisées du projet, maxis sur Dekorder ou le label maison du shop Boomkat), le petit technicien quelconque est devenu un vrai type avec une gueule et un état civil et on a pu découvrir que derrière la silhouette mystérieuse se cachait un vrai ingé-son du nom de Martin Jenkins, dont le CV long comme mon bras contient des dizaines de collaborations avec Trevor Jackson. Comme pour ce jour fou où l'on a découvert que le gars derrière Burial était ni plus ni moins qu'UN GARS, c'est à la fois décevant et un peu rassurant.
A court de jolies histoires à raconter sur sa pomme, le Britannique se refugie donc aujourd'hui dans un projet 100% onirique du nom de The House in the Woods pour Exotic Pylon, label passionnant du journaliste - animateur - agitateur Jonny Mugwump. Comme tous les projets avec les mots "house" et "woods" dedans qui se respectent, l'idée première est d'y revisiter avec force souffle et fluctuations insidieuses de pitch les bandes originales des slashers cheaps (et italiens) des années 70 et 80 qu'on louait en VHS rincés quand les parents sortaient le vendredi soir au cinéma pour voir le nouveau Woody Allen. Comme tous les projets de musique électronique anglaise retrofuturiste qui se respectent itou, l'influence des Papas de Boards of Canada surtout pèse de 4 tonnes sur la qualité des nappes et l'ambiance sepulcrale-mais-accueillante. A l'écoute de ce très beau premier extrait éponyme de Bucolica, on se dit qu'il n'est pas impossible que le disque en entier soit le premier effort vraiment ample, vraiment solide de son auteur.
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