L'underground techno hollandais, c'est un peu comme la Triple Alliance Internationale de l'Est autour de Strasbourg ou Gamble & Huff à Philadelphie: un coquelicot mystérieusement éclos dans un océan de bitume et d'indifférence sans que personne ne sache vraiment expliquer pourquoi.
Ainsi l'émergence à La Haye, au coeur des années 90, de la scène rave underground autour de Bunker, Hotmix et des soirées Acid Planet reste comme l'un des temps forts de l'histoire de la techno européenne.
Réalisé en 2006, soit une éternité après Unit Moebius et les sound-systems qui crachent dans les entrepôts glacés, When I Sold My Soul to the Machine nous conte en détails l'histoire méconnue de cet âge d'or de la musique électronique et du business de l'ecstasy: Bunker et les premiers labels, les soirées imprégnées, le passage mystérieux de la hard techno non-stop le week-end à la jackin house et au revivalisme néo italo disco synthétique initié par I-f et dont les Hollandais restent des fétichistes inégalés. Et les interviewés sont nombreux: Guy Tavares, Legowelt, DJ Overdose, DJ Technician, Alden Tyrell, I-f... tous les survivants sont là, et ils ont (presque) tous encore des dentitions correctes.
Tourné en Néérlandais dans le texte et dans des contextes bien immersifs (caves humides, petites cuisines baignant dans leur jus), bourré d'anecdotes ras du bitume (Guy Tavares de Unit Moebius qui raconte l'époque où il dealait du LSD pour financer les sorties de son label Bunker), le docu a des airs de cinéma d'auteur d'Europe du nord ou d'une légende antique dont on aurait oublié le nom des protagonistes. C'est doublement passionnant à regarder, donc. On remercie Fact, qui vient généreusement de nous rappeler l'existence du film.
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