On le sait assez ( ?), les Pays Bas possèdent une terre fertile pour les projets audacieux. On vous privera de cours magistral, on ne mentionnera pas l’amour de l’initiative de la culture protestante, ni le soutien à l’audace apporté par les sociales démocraties « du Nord ». On ne l’effleurera même pas privilégiant concentrer nos mots et notre énergie sur un énième exemple. Reckonwrong.
Le cahier des charges semble être compris dans le nom. L’Hollandais donne d’emblée la clé de sa perception créatrice. Reckonwrong ou mal se figurer quelque chose, autrement dit « estimer maladroitement ». Effectivement, Reckonwrong détient une échelle tordue. Il aime la création branlante et tire sa superbe de l’approximation. Toute la martialité des genres électroniques qu’il épouse – la techno comme la house – lui, les reproduit un coup dans l’aile.
Naturellement ce maxi (le deuxième de sa jeune carrière) est ivre, il boite, avance en claudiquant. Mieux, sa musique semble désorientée, désemparée de naissance, taillée dans le vertige. Sont mentionnées plus tôt techno et house. Si Reckonwrong est de la famille, alors c’est le cousin détraqué. Tout au plus, on trouvera quelques gènes partagés. L’autre gêne partagée, c’est ce malaise diffus. Reckonwrong, par bien des aspects, est un artiste de l’inconfort. On ne peut s’empêcher de ressentir un sentiment profondément désespérant à chacun de ses ressorts, dans la (non) direction de ces titres, ses contrepieds narratifs perpétuels… Tant mieux. Moins dada – iconoclaste farceur - que surréaliste, Reckonwrong semble alimenter ses bidules par la fièvre des rêves. Chez lui, tout ce qui nous est familier s’articule par l’absurde. On comprend volontiers son vocabulaire mais il parle une langue inconnue. Postillonnons quelques fantasmes d’avant-garde à son sujet. Pourquoi pas ?
Ceci- dit, il y a fort à parier que Reckonwrong ouvre une voie où personne ne le rejoindra. Statuons alors sur de la techno d’auteur, citant autant Akzidenz Grotesk que le jazz roulé comme un deux-feuilles à la Brainfeeder. Vous pouvez aussi vous dire que ce collage sonore est l’œuvre d’un enfant sous l’influence de sa propre colle. Rien ne vous en empêche. Qu’est ce que tout ça ne dit pas ? Bien, que ce maxi paraît chez Whities, sous- label sous-estimé de Young Turks qui s’obstine à réaliser les choses avec bon goût. Du moins sur ces cinq premières sorties (dont la deuxième était par ailleurs signée Kowton).
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