Ça commence à sérieusement chauffer à Montreal du côté de la musique électronique-qui-n'est-pas-de-la-minimal-techno-calibrée-pour-jouer-à-Mutek. Dans le cercle des collaborateurs d'Alex Zhang Hungtai de Dirty Beaches et du label Los Discos Enfantasmes notamment, il y a plus d'une opportunité de tomber amoureux. Il y a Bernardino Femminielli bien sûr, crooner compliqué dont on vous a déjà longuement vantées les contradictions esthétiques à la sortie française de son Double Invitation; il y a son pote Asaël Robitaille ensuite, dont les rutilantes constructions prog funky synthétiques sous le nom de Bataille Solaire (checkez l'anagramme) devraient donner des sueurs froides à pas mal de synth fétichistes autour de la Planète; il y a Jesse Osborne-Lanthier aussi (pas enfin, il y'en a d'autres dont on n'a pas le temps ni la place de vous parler) dont les pérégrinations multimédia sous le nom de Noir n'attendent sans doute qu'un label européen un peu branché et un coup de pouce de Boomkat pour trouver leur audience en dehors du continent américain.
On doit donc remercier Abraham Toledano, passionnant digger/rééditeur/label manager (on vous parlait récemment de sa réédition des Nancéens d'Oto, sur le tout jeune Mitzvah Records) pour nous avoir dirigés vers cette belle brochette de brouilleurs de pistes. A l'affût des futurs classiques de nos soirées dark clubbing-en-PMU-avec-une-cave, il inaugure Mind Records, le label qu'il a monté avec Chihiro Kataoka, avec deux bijoux en écrin ("double pochette et encre phospho et obi imprimé sur calque" - avis aux collectionneurs capables de comprendre cette phrase): un 45 tours du brillant carpenterophile américain Umberto (rappelez-vous) et le premier vinyle de Femminielli Noir, duo flippant-enthousiasmant formé de Femminielli et Jesse Osborne-Lanthier.
Parce que c'est le plus singulier des deux et qu'on a fait de Montréal le sujet de cet article, c'est ce dernier qui nous intéresse le plus. Bien plus intense et singulier qu'une version dark de l'italo cabaret de Femminielli en solo, Malas Influencias propose 3 blocs d'electro techno caverneuse et dissonnante à la plastique particulièrement soignée, quelque part entre un Dopplereffekt hardcore et les premiers trucs de Jimmy Edgar, dont l'intensité nous laisse interloqués. L'énorme "Me Gusta El Dolor" plus particulièrement, dont les quatorze minutes d'infernales dissonances couvrent l'intégralité de la face B, pourrait bien devenir un hymne des dancefloors du huitième cercle de l'Enfer. Par ici la bonne soupe empoisonnée.
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