Le moins que l'on puisse écrire sur Femminielli, c'est qu'il en a plein la besace pour faire plaisir aux journalistes: un pseudo chanmé qui désigne "dans la tradition napolitaine, les transgenres efféminés" (dixit wikipedia), un bon vrai gros look à la Tony Clifton / Moroder circa 78 et un "univers" musicalo-iconographique dispo clé en main, circonscrit au laser entre les insubmersibles Morricone et Moroder (justement) et le swag sans cesse redécouvert des inventeurs en B de la variet' italienne vintage (Battiato, Battisti, Branduardi). Surtout, il a du bon stock de sous-texte en-veux-tu-en-voilà sur ses oeuvres, quand bien même elles ne sont sorties jusqu'ici qu'en CD-R auto-édités ou cassettes confidentielles (dixit cette interview chez Hartzine, "J’ai créé inconsciemment une sorte de trilogie de musique « astrale » en attendant d’être enfin prêt à sauter dans une autre phase que j’ai toujours admirée et étudiée, celle du narrateur/chanteur"). Pour tout ça, les sussurements surjoués et les photos de presse, Technikart adore et The Drone s'apprêtait à dégainer la Kalash'. Et puis il s'st passé un truc étrange: on a écouté le cd de Double Invitation, on a tâté un peu l'épaisseur des nappes de synthé, on a été charmé, on a bien aimé.
Ce qui sauve en fait le Montréalais moustachu de la faille, c'est l'incohérence limite impressionniste de son fatras. Comme l'aura par exemple illico remarqué le lecteur intelligent dans sa tête, "il chante plus souvent en Espagnol qu'en Italien, ducon". Et puis pour toute racole, le gars fait des océans à rallonge (jusqu'à 13 minutes) de voix sinistres, de piano triste et de nappes infiniment délayées.
Aussi puisqu'on nous vend en premier la partie disco de sa pop, on rétorquera que ce sont les moments chanson et la la la ("Actriz", l'ultimo tango en écoute ci-dessous) qui restent le plus longtemps dans le crâne. On prend donc Double Invitation pour ce qu'il est, un recours inespéré à cette Education française étriquée comme un perfecto en skaï qu'on tente de nous vendre comme l'inconscient de la jeunesse blanche-bourgeoise contemporaine. Femminielli est canadien, il est un peu malsain, et il en a rien foutre d'Etienne Daho. Arnaque ou confiserie fixée au bout d'un bâtonnet, on vous laisse cocher la cache de votre choix.
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