Pour méchamment schématiser, on pourrait dire que Torn Hawk, c'est le stade mature du son L.I.E.S. Et on ne dit pas ça parce que Luke Wyatt tate de la gratoune plutôt que de triturer le séquenceur d'une TR-707 saturée. Non: responsable avec "Born to Win" (2013) d'un des plus beaux moments du label de Ron Morelli, ce transfuge de Not Not Fun fait partie des rares gus à avoir réussi à retranscrire hors du territoire de la dance ce précieux mélange d'emportement et de brutalité céleste typique des plus belles références du label new-yorkais, en mélangeant sans peur et sans reproche machisme geek noisy et méchantes envie de grosses mélodies.
Grand sentimental, farfouilleur un peu pervers des tréfonds les plus profonds et les moins ragoûtants de la nostalgie, Wyatt manipule les souvenirs incomplets, les rebuts culturels des années 80 et les matières abîmées par la bande comme un pourcentage non-négligeable de ses contemporains indie rockers, électroniciens et plasticiens (parmi eux, Ariel Pink n'est pas le moins doué); mais contrairement à la plupart d'entre eux, il pratique ses collages et ses divinations sans le moindre état d'âme, Stratocaster en bandoulière, à fond les ballons. Son nouvel album qui vient de sortir sur Mexican Summer s'appelle Let's Cry And Do Pushups At The Same Time ("Chialons et faisons des pompes en même temps") et la formule résume plutôt idéalement la combinaison inédite et très troublante de sentimentalisme pur jus et d'humour badass qui caractérise ses inputs.
Enième exemple de ses talents irréels de vidéaste et de créateur d'images (rappelons que Wyatt, en premier vidéaste pour I:Cube, Ital ou Polysick est présentement le spécialiste n°1 de la récup' de saloperies VHS et de la technique du datamoshing), le clip officiel de "Because of M.A.S.K." élude l'hommage aux jouets et à la série animée MASK du titre et convie la charmante Xosar (oui, Xosar) à une étrange party fetish à base de piles de bouquins, de polaroïds et de glaive heroic fantasy. Bien sûr, on vous mentirait si on vous disait qu'on a tout bien capté à où l'Américain veut en venir mais on apprécie le feeling.
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