On a commencé à vous en parler dès qu'on a pu, Chris Cohen sort tout bientôt son premier disque sous son nom et c'est beau à chialer. Pas qu'on soit une seconde surpris: l'ex Deerhoof récemment passé par White Magic a déjà publié avec The Curtains et Cryptacize quelques unes des chansons les plus épatantes et (discrètement) ébouriffantes de ces dernières années. Sous l'influence d'un arc-en-ciel de références plus ou moins incongrues (Beefheart, Duke Ellington, les Residents, Bach, le mambo, le highlife d'Afrique de l'Ouest ou la pop thailandaise des 60s) et d'un amour immodéré pour les jeux de forme, Cohen a fait de son songwriting un terrain de jeu à la fois douillet et dangereux, molletonné à la surface mais couvert de reliefs et de périlleuses dépressions en son for intérieur.
Enregistré le lendemain d'une séparation dans la solitude bucolique du Vermont, Overgrown Path est particulièrement doux au toucher mais pas pour autant expurgé de détours et accidents. En totale maîtrise de ses fantasmagories et de ses colliers de notes, un peu en boucle (mais c'est pas grave), Cohen étire ses obsessions harmoniques et son amour immodéré pour les 50s avec la fausse bonhommie d'un chef qui prépare son classique pour un chef d'état.
Ca se voit jusque dans le petit clip d'Optimist High, le ruban de flanelle qui cerne cette musique jusqu'à presque la rendre sourde sert surtout à occulter la faille cosmique qu'elle renferme en son coeur. J'étais convaincu d'avance mais j'y vais quand même de ma médaille: Overgrown Path est le plus beau disque estampillé "americana en bois" que j'ai écouté depuis le dernier Chad VanGaalen. Ca se passe chez Captured Tracks pour l'acheter en disque.
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