Jason Grove "The Love" (Skylax)

A en croire Internet, la grande affaire de Jason Grove serait de savoir s'il est vraiment originaire de Detroit ou si l'équipe (française) de Skylax Records a monté un canular sur le dos des seconds couteaux démunis de la Motor City pour écouler ses stocks de vinyles. Ça vous intéresse, vous? Ici, on ne s'en fiche pas tout à fait mais on s'aligne avec Move D quand il se demande si la raison pour laquelle l'album précédent de Grove n'est pas devenu un classique n'a pas quelque chose à voir avec la couleur de sa peau ("It would be terrible if redundancies like this still mattered today"). Bref, peu importe que "SKYLAX", le nouvel album de Jason Grove à sortir sur Skylax, soit l'oeuvre d'une vieille carne de Belleville, Michigan ou d'un gringalet de Belleville, 75020 Paris - l'album démonte et on est prêt à monter sur un ring (virtuel, hein, le ring) pour prouver que c'est tout ce qui compte.

Marco Bernardi "Floating" (Happy Skull)

Le genre de petite buchette acid simple comme bonjour qu'on désespère pourtant d'entendre plus souvent. Allez les gens de la techno, on se sort les chicken fingers du fondement, on arrête de se faire chier avec les rythmes compliqués, le souffle et les machines vintage. Le peuple n'a pas besoin de morceaux qui reflètent vos embrouilles métaphysiques avec les paradoxes du monde contemporain, il veut des conneries acid qui ressemblent aux Chemical Brothers (disclaimer: cette sentence définitive et donc absconse sur l'utilité finale de la dance music s'autodétruira dans les 7 secondes qui suivront sa lecture).

Mr Scruff - Render Me feat. Denis Jones (Andrés Remix)

Qu'est-ce qui pourrait bien nous pousser à écouter un morceau de Mr. Scruff, AKA le type qui restera éternellement responsable d'avoir transformé le Birds Lament de Moondog en une sombre merde electro swing? Eh bien un remix d'Andrés, justement.
 

Fred P - Circuit (Finale Sessions - FS 022)

Ce morceau, c'est un peu comme si vous tombiez sur la carte Magic très rare ou l'écusson Panini des Girondins de Bordeaux en 1987 (cochez la case de votre choix selon votre génération) que vous cherchiez depuis toujours, qui fait du chaud et des papillons dans le ventre à chaque fois que vous la ressortez du tiroir où elle est rangée, et que vous savez que garderez longtemps, très longtemps, même après la mort de votre animal de compagnie, peut-être même après celle de votre mari bien aimé ou de votre femme adorée. C'est aussi un morceau de house music.  

Pev & Kowton "Raw Code (Surgeon Remix)" (Livity Sound)

Un morceau techno tellement deep, intelligent et beau qu'il donne l'impression que le soleil se lève et se couche 5 fois de suite pendant les 6 minutes et 6 secondes qu'il dure. Pour la 1283ème fois, hats off, Monsieur Child.
 

 Yagya - Sleepygirl 8 (Delsin Records)

Tiré du 5ème album du producteur islandais, "Sleepy Girl 8" fait péter les saxos pleureurs et s'écoute le nez à  la fenêtre de votre appartement vétuste par temps pluvieux, les yeux rivés sur le halo lumineux des lampadaires, un verre de scotch sans glace à la main et après avoir regardé pour la 150ème fois Ascenseur pour l'Echafaud. 

Faze Action "Body of One" (Faze Action)

Et le grand retour dont tout le monde se fout ce trimestre est celui de Faze Action, beau duo deep disco dont les trois principales tares sont a) d'avoir commencé à faire des disques 12 ans trop tôt b) d'enfiler des chapeaux dès qu'un photographe apparaît dans la pièce et c) un goût beaucoup trop prononcé pour les meubles de luxe italiens pour poser des hi-fi Bang & Olufsen dessus. C'est dommage, dans le genre "minimal impressions d'Afrique", "Body of One" est beaucoup plus digne que la plupart des trucs qui sortent sur Innervisions.

Kareem "The Sky Is Gone But You Are Still Here" (Zhark Recordings Berlin)

"Il tape sur des enclumes et c´est numéro un / Dans son usine on est fous comme on est musicien / Sur Radio Petrograd il a des copains / Il fabrique sa musique et ça lui va bien / Il tape sur enclumes il joue pas les requins/ Il connaît le nom des machines/ L´prenom de l'ingénieur en chef Il te refile en stéréo / La chanson des machines / Il trafique un peu dans toutes les caves /  Le patron est d´accord / Y a aucun malaise dans sa combine / C´est une musique machine" (Philippe Lanvil)