Non, il ne s'agit pas d'une toute bête et banale énième réédition d'un bidule new age sorti des bois. Il s'agit de la réédition très sérieuse, ordonnée par l'excellent Numero Group, du très long (5 heures) et très sérieux (il a été entièrement joué sur un piano diffusé dans une cathédrale) Gymnosphere de Jordan De La Sierra, sorti en 1977, à une époque où le terme "New Age" n'existait pas encore. Surtout, il nous arrive tout droit des marécages de la musique oubliée, et ce malgré des tentatives à répétition de diverses bonnes âmes pour le rééditer.
Car malgré un livret original qui compile "des dessins inspirés de l'Inde et des rêveries pré Star-Wars de l'auteur qui y parle d'une Force, une sorte d'être conscient de lui même mais sans corps", Gymnosphere est passé plusieurs fois à côté des joies de la réhabilitation. Unity, le label sur lequel est initialement sorti Gymnosphere, a en effet tenté à de multiples reprises de rééditer les travaux de cet Américain, en vain, et ce en grande parti à cause du je m'en foutisme relatif de l'auteur qui préférait alors jardiner pour tenter de "générer un sentiment profondément tangible de sens de l'espace“(comprenne qui pourra). Gymnosphere a toutefois été réédité une première fois qu'en 2003 par feu Sandpiper Records (le label d'Observation Point qui fabrique apparemment aussi des choses singulières).
Mais tentons de comprendre l'attrait étrange que provoque Gymnosphere, notamment chez les utilisateurs de Soundcloud qui ont fait une véritable fête virale aux quelques morceaux ci-dessous. L'oeuvre que Jordan De La Sierra donne à entendre sur les deux heures que durent les 4 morceaux du petit player ci-après, c'est un bidule new age très sérieux coincé tout pile entre ce qu'aurait pu produire Erik Satie s'il avait fusionné avec Terry Riley, un exercice relativement proche des travaux de La Monte Young (Music For The Well Tuned Piano est d'ailleurs également le sous-titre de l'oeuvre de Jordan de la Sierra, présent sur l'artwork original visible juste après) et les saloperies new-age au piano qui ont commencé à pulluler à côté des mini-chaînes des ostéopathes du monde entier après le succès de "Velocity of Love" de Suzanne Ciani.
Si on n'avait pas peur de passer pour des mystiques excités, on pourrait presque dire, aux vues de l'histoire et de la teneur de ces enregistrements, qu'ils exercent une fascination sur l'ensemble de l'humanité, que nous assistons en 2014 à la fin d'un cycle entamé il y a un peu moins de 40 ans et que ces longues pièces de piano peuvent peut-être devenir les titres uniques de votre playlist spéciale "reconnexion avec l'univers" (si vous ne saviez pas comment écouter ces longues pièces de piano, De La Sierra vous aide même un peu, en vous indiquant qu'il s'agit de "musique pour faire de l'exercice" à écouter "à la croisée du cycle du jour et de la nuit que les harmonies présentent").
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