La dabkeh ("دبكة"), c'est cette musique de danse protéiforme et ancestrale particulièrement populaire dans les mariages et les fêtes de village dont le riddim implacable résonne dans toutes les provinces du Levant, du Liban jusqu'à la Jordanie.
On connaît un peu le genre dans sa version moderne grâce à Omar Souleyman, sommité du nord de la Syrie dont Sublime Frequencies s'est improvisé le promoteur en Occident et qui fait encore le bonheur d'à peu près tout les gens chics qui aiment se distinguer en faisant mine de fricoter avec l'Axe du Mal (on pense à Björk, pas à toi, pimpant camarade mélomane). On se doutait que Souleyman était un arbre qui cachait une forêt; on pouvait heureusement compter sur Mark Gergis, collaborateur régulier de Sublime Frequencies aux manettes de Sham Palace, pour éclairer plus avant notre lanterne.
Cap au Sud donc pour cette anthologie entièrement consacrée à des artistes issus du plateau de l'Houran, qui s'étend du Sud de Damas jusqu'au nord-ouest de la Jordanie. Apparemment, l'école high energy et technoïde du genre, émergée au milieu des 90s, y a prospéré avec une sorte de vigueur supplémentaire: les kicks sont particulièrement massifs et les synthés particulièrement acérés.
Signe distinctif essentiel par rapport à ses cousines du nord, la dabkeh de l'Houran se reconnaît aussi par le bourdon incessant du mejwez, une sorte de double clarinette en roseau dont on retrouve la trace jusqu'en Egypte ancienne: "Modern Hourani dabke is relentless and commanding – driven by heavy beats and polyrhythms, labyrinthine synths, swirling sound effects, compelling vocals, and the shrill drone and buzz of the amplified mejwiz – a legendary double-reed instrument played throughout Syria, Palestine, Jordan and Lebanon".
Dabke: Sounds of the Syrian Houran a été compilé par Gergis à partir de cassettes et CD-R glânés depuis la fin des années 90 sur les marchés de Deraa (d'où est partie, on ne vous apprend rien, la révolte en cours), Suweida et les villages du Golan. D'après un bon ami qui m'a mis sur le coup ce matin, il n'y a rien à jeter. Faites donc comme nous, ruez vous sur le LP pressé en édition limitée et brûlez tous les jours un cierge pour le peuple syrien... (vous conviendrez qu'on pouvait difficilement finir ce post sur une bonne blague).
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