Ne cherchez pas à placer HENRYSPENNCER sur une carte du bruit. Comme ceux d'Aluk Todolo ou Grails, les riffs du groupe de Valentin Féron et Julien Magot cherchent moins à perpétuer des traditions psyché, heavy, metal qu'à mettre à profit - qui a dit profiter? - leur puissance de séduction. Adorateurs de l'americana anxieuse de Earth, du stoner du désert mais aussi des architectures baroques du post-rock le plus cinématographique, HENRYSPENNCER jouait jusqu'ici un rock instrumental et éventuellement heavy qui s'accomode très bien d'images en noir et blanc comme les concerts de Godspeed You! Black Emperor et c'était très efficace mais aussi un peu abstrait pour qu'on s'y retrouve pleinement.

On est donc aux anges que le groupe ait choisi de charger la mule, forcer le trait et durcir le ton pour son nouveau Hypnosis Gumbo. Meilleure preuve à regarder ci-dessous : en lieu et places des images gros grain des Cévennes ou du désert arizonien dans lesquelles le groupe aimait à draper ses rêveries delay-ées sur scène, le clip de "Quetzalcoatl" qu'on vous propose de découvrir ci-dessous est fait d'images d'outre-styx et de songes psychanalytiques épais (champs de fleurs-démons, transmutations rhizomatique, rituels, démembrements, semi-viscosités, paysages boschiens) sans doute inspirées par quelques prises collectives de peyotl et de soirées à lire à voix hautes les plus belles pages psychotropes de Michaux ou Castaneda.

La cause du désordre ? La source est le Prometheus Garden de Bruce Bickford, animateur amateur d'occulte qui travailla longtemps pour Frank Zappa et dont le destin étrange fut le sujet en 2004 d'un documentaire hors du commun, Monster Road. Tout ça sied parfaitement au son nouveau du groupe, largement plus violent, visqueux et, forcément psychédélique et donne très envie de découvrir ce qui se trame comme désordre derrière la belle pochette de l'album et sa face de dragon démantibulé.

Sortie ces jours via Bookmaker Records et Robotic Empire, en LP et en digital.