Eno en 1989 n'est pas exactement Eno à l'acmé de la créativité: il zone dans les disques d'ambient de seconde zone avec les éternels buddies Daniel Lanois et Harold Budd, il a accouché deux ans avant The Joshua Tree dans un étonnant confort esthétique et The Orb ou The KLF n'ont pas encore lancé la vague chillout qui le re-sacrera une nouvelle fois, deux trois ans plus tard, pape des gobeurs de pilules et de patchouli.
Mais le monde est ainsi fait qu'il y a toujours quelque part dans le monde un réalisateur ou un rock critic pour écrire, interroger ou s'extasier sur Brian Eno, et que Brian Eno a toujours quelque chose d'intéressant à dire.
Dans ce joli documentaire tourné en vidéo de Duncan Ward et Gabriella Cardazzo (apparemment des gros fans), le Maestro a encore quelques cheveux sur la caboche, il porte une jolie chemise en soie rouge et il admoneste les théories sur Pollock, le D7 ou le Long Maintenant de son ami Stewart Brand comme autant de punchlines, tout en se grattant la tempe ou en caressant lascivement les boutons de sa console. A l'instar d'un Bowie à l'époque de son retour d'entre les morts, il est est simultanément génial et estomaquant de prétention, à des lieux du vieil avant-gardeux humble et débonnaire qu'on peut voir en pantoufles dans Another Green World, docu récent (et passionnant) de la BBC, ou son interview avec Dick Flash. Un vrai beau docu document, à mater les doigts de pied en éventail, avec un litron de Tang à proximité.
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