Il y a exactement un an, Alexis Georgopoulos a fait quelque chose que peu de musiciens ont le cran de faire dans leur carrière: il a fait dévier son projet Arp à 90° du petit bonhomme de chemin musical jusqu'ici plutôt rectiligne qu'il suivait depuis le premier In Light.

Comme il n'est pas immensément connu et que depuis que la musique a débarqué sur Internet, plus personne ne s'y retrouve plus très bien avec les goûts et les territoires, l'événement n'a pas fait le même tapage que le passage à l'electrique de Bob Dylan sur la scène de Newport un beau jour de 1964. Mais pour ceux comme l'auteur de cet article qui suivaient plutôt assidûment les exercices eno-esque-kraftwerkiens-clusteriens maniaques et souvent de toute beauté de l'ex music journalist Américain, le passage à la pop pailletée au piano et au glam mélancolique façon Roxy Music n'est pas passé comme une lettre à la poste: on s'est même trouvés tellement tourneboulés qu'on en a complètement occulté l'existence de More, l'obje du délit.

Qu'est-ce qui nous pousse alors, un après, à vous parler de Pulsars e Quasars, son successeur immédiat qui reprend la pop exactement là où More l'avait laissée? C'est sans doute que le temps a passé et qu'on se trouve en meilleure disposition pour regarder ce que l'Américain fait avec les choeurs beatlesiens et les guitares fuzz. La chanson-titre en tout cas nous plaît à peu près autant que le dernier Mac DeMarco: c'est-à-dire presque complètement, et ce malgré l'arrière-goût tenace de fin du monde qui accompagne le dodelinage de tête un peu idiot qu'il ne manque pas de provoquer à chaque fois qu'on l'écoute. A noter que le reste du mini-album, à sortir la semaine prochaine via Mexican Summer, s'égare aussi joyeusement dans le shoegaze extrême à la Flying Saucer Attack, la noisy pop un peu turbo ou le neo krautrock synthétique du genre dont Georgopoulos nous régalait du temps de ses deux premiers albums. La boucle est bouclée, je vous laisse appuyer sur "play".