Ce nouveau disque du noiser semi repenti Gabriel Saloman commence comme l'un des plus beaux disques de l'histoire de la musique ambient, l'éternel (oui, éternel) Morals and Dogma de Deathprod: même maîtrise du clair-obscur, même majesté, même violence qui sourd sous roche, même luxuriance des matières qui semblent couler du plus vieux disque de l'humanité...
Ce n'est sans doute pas fait exprès mais c'est tout à l'honneur de Saloman, dont on imagine bien volontiers qu'il ne s'est pas retrouvé sur les platebandes du grand ambianceur norvégien en prenant des notes. Non, si Movement Building Vol. 1 a des faux airs du plus beau (oui, le plus beau) disque de dark ambient jamais enregistré sur la Planète Terre, c'est qu'il a été conçu avec la même attention scrupuleuse aux détails, le même savoir faire, la même discipline, et peut-être - sans doute - le même salmigondis musical en tête: poussières de larsens, shoegaze, black metal, musique concrète, ambient des débuts de l'ambient, musiques rituelles du genre de celle que pratiquent David Tibet et les Actionnistes Viennois...
Connu pour sa participation aux terribles Yellow Swans aux côtés d'un certain Pete Swanson, l'Américain est le seul musicien de noise au monde à avoir fait de l'étrange territoire qui voit se jouxter le bruit blanc et le silence zen sa zone de confort. Son Adhere de 2012, par exemple, combinait piano triste et remugles de malaise constants, sans jamais forcer le trait ou les contrastes artificiels (suivez mon regard). Composés pour un spectacle de la chorégraphe Daisy Karen Thompson, les deux mouvements de Movement Building Vol. 1 balayent un spectre d'intensités bien plus large - du presque silence jusqu'au mur de bruit blanc antizen - mais ne tombe jamais dans les caricatures de ces objets "post metal" plus ou moins réussis qui pullullent sur les pages du disquaire en ligne Boomkat.
Or il se trouve que je suis en train de terminer la lecture du dernier immense roman d'Antoine Volodine qui s'appelle Terminus radieux dont je vous épargnerai le détail du récit (notamment parceque raconter l'univers "post-exotique" de l'écrivain français à des gens qui ne le connaissent pas n'est pas chose aisée, surtout dans le nombre de signes naturellement impartis à une notule en ligne dont le sujet est la sortie d'un disque) et il me semble que l'oxymore formidablement poétique du titre correspond assez idéalement à l'état dans lequel plonge cette pépite à sortir en LP limité via la formidable structure française Shelter Press. Voilà.
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