Y-a-t-Il quelque chose de plus casse-gueule que d'enregistrer et sortir un disque d'ambient en 2014? En voilà une bonne question, qui a probablement une réponse, mais qui est complètement balayée du revers de la manche par la nouvelle sortie de Grouper.
La musicienne de Portland, Liz Harris, en complet état de grâce depuis maintenant quelques années propose avec Ruins (sorti il y a quelques jours chez Kranky), un disque à la beauté minérale et complètement envahissante. Composé en 2011, entièrement à l'aide d'un seul piano dans un petite pièce au Portugal, le disque est à peu près aussi envoûtant que de fixer une peinture de Rothko les pieds dans l'océan, sous codéine.
Toujours ancrée dans l'expérimental (amateurs de drones et de paysages à la Fennesz il y a à manger pour vous ici), Liz Harris se met à nu comme aurait pu le faire une Chan Marshall de la grande époque (celle de What Would the Community Think) et offre son interprétation de sa peur de la solitude et du manque d'amour en musique.
Ici pourtant pas de miaulemements mièvres, de pathos misérabiliste ou de vocalises r'n b qui aurait clairement pu élargir le public de Grouper. En faisant le choix de l'aridité, Harris propose une vision particulièrement lumineuse de la noirceur (ou l'inverse) et offre un disque esthétique et pur qui se déguste d'une traite (là où The Man Who Died In His Boat par exemple pouvait accuser quelques longueurs). On vous laisse avec une mise en bouche et vos petits coeurs serrés devant ce qui est un grand disque de l'année.
En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de nos cookies afin de vous offrir une meilleure utilisation de ce site Internet.